maison du grand écuyer A COUDES, EN LANGUEDOC QUATORZIÈME SIÈCLE. U ne serait pas aisé de découvrir dans l'ancienne enceinte de Cordes une maison qui ne remonte, au moins par ses fondements ou quelque autre de ses côtés, à une époque assez reculée. Cette petite ville, on peut le dire, serait tout entière encore du moyen âge, si ce n’était la désastreuse manie de nos temps modernes de tout altérer, de tout mutiler dans nos vieilles habitations. Sa posi tion au sommet d’une montagne isolée de toutes parts est peut-être unique en France. De quelque point de l’horizon qu’on l’aperçoive, elle se dresse vers le ciel avec ses deux ou trois tours subsistantes, et présente bien dans le lointain l’image d'une de ces capitales des petites républiques d’Italie si bien posées dans les Apennins. Cette agglomération de nids de familles humaines, tous dominés par le temple, pressés les uns contre les autres dans un étroit circuit comme les nids d’hirondelles groupés en guirlandes sous les arches d’un pont, compose un tableau d’un charmant effet. En la voyant du fond de la vallée qui nous condui sait à ses pieds, quelle espérance nous fut donnée d’une riche moisson à recueillir pour nous au milieu de ses vieux murs démantelés. Notre attente ne fut point trompée. Les ruines y sont nombreuses et pleines d’intérêt; et parmi elles nous avons pu choisir des trésors de goût et de grâces, des pages précieuses d'archi tecture civile, comme l’on en pourra juger par nos dessins. Pour mieux faire comprendre l’importance des parties que nous avons pré férées, disons avant tout, que les comtes de Toulouse, vers le xm” siècle, vin rent établir leur cour pendant l’été, sur ce point culminant de la contrée. La suite de ces princes éleva près de leur palais de vastes et beaux hôtels, et il semble qu’il y ait eu rivalité entre ces hauts dignitaires de leur couronne pour se construire de splendides demeures. C’est peut-être aujourd’hui le seul endroit de nos provinces qui laisse à ce degré quelque idée de ce qu’était à celte épo que l’attirail d’un petit souverain : car on peut considérer Cordes comme le Ver sailles ou le Saint-Germain du Languedoc au moyen âge. Ses rues, restées les mêmes pour leurs irrégulières percées et leurs pentes rapides, laissent suivre pas à pas les gentilshommes qui formaient l’entourage du maître. On croirait 21