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MAISON A METZ. 155 qu’à cette hauteur on eût voulu établir pour surveiller l’ennemi une lunette d’ob servation? Le mur placé à gauche de la tour est bien encore le primitif; une porte principale s’y ouvrait, ainsi qu’une autre plus petite pour le passage des piétons. Par-dessus ces ouvertures, une sorte de galerie appuyée sur de gros corbeaux conduisait de la tour à la maison voisine, sans qu’on fût obligé de passer par la cour pour cette communication. Considérées dans leur ensemble, toutes ces constructions remontent au xir siè cle. Cent cinquante ou deux cents ans plus tard, les deux étages supérieurs de la façade furent entièrement refaits. On conserva soigneusement dans cette restau ration un des plus heureux modes de bâtir de la période romane, l’emploi de beaux linteaux de pierre pour clore par le haut les différentes ouvertures ; puis enfin au xvi" ou xvn' siècle, on reprit en sous-œuvre les fenêtres du rez-de- chaussée, qu’on pratiqua beaucoup plus larges, afin de donner un plus libre accès à la lumière. Les architectes qui avaient exécuté les premières réparations furent bien inspirés en reproduisant avec exactitude ce qu’ils avaient été obligés de remplacer; tandis que plus près de nous,- les portes qui furent remaniées, ont été altérées, mutilées ou détruites sans scrupule. Cependant, on avait sous les yeux un bel exemple du respect de nos anciens maîtres pour leurs devanciers. Com ment la pensée ne vint-elle pas de le suivre; une telle conduite eut pu devenir un trait de lumière pour éviter ces déplorables changements qui ont tant retranché au caractère sévère et à la mâle beauté de cet édifice. En rassemblant les derniers vestiges d’ornementation épars çà et là sur sa sur face, nous serions parvenus, si nous l’avions voulu, à restituer à celte maison la physionomie de son état primitif. Ainsi une fenêtre, avec son meneau flan qué d'une colonnelte de séparation, est demeurée intacte un peu au-dessus de la base de la tour; avec elle, nous aurions pu refaire toutes les autres baies. Nous avons préféré nous en tenir à la seule représentation de l étal présent, en don nant, en outre, pour suppléer à ce qui manque, quelques détails d’une claire-voie romane venant de la cour intérieure d’une autre habitation de la ville : ce mor ceau détaché fera voir combien il devait y avoir de simplicité, de convenance, de bon goût, de grandeur même dans celte maison telle qu’elle sortit des mains de l’artiste. Celle que nous avons dessinée et gravée en entier était de même date; elle pouvait donc avoir donné ou pris plus d’un linéament de ressem blance à sa voisine et sa contemporaine. Notre obligeant collègue, M. Gauthier, architecte du diocèse de Metz, nous a permis de dessiner différents détails de cette dernière, des ornements, des chapiteaux qu’il a fait mouler sous ses yeux. Cette hospitalité d’atelier nous a laissé un cher souvenir. Plut à Dieu que nous la trouvassions partout aussi facile et aussi gracieuse!