Volltext Seite (XML)
154 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. notre féodalité. Les châteaux forts se dressaient de toutes parts sur nos terres, au milieu de vastes campagnes qui étaient le domaine ou l’empire en raccourci de leurs maîtres. S’ils choisissaient le voisinage d’une ville, c’était, avant tout, à la condition qu’il n’y aurait d’autre donjon que le leur pour en défendre les habitants; ou plutôt ils posaient fièrement leurs prétentions sans rivales; et c’est de ce temps, avec ses suzerainetés sans nombre et toujours guerroyantes que vient peut-être le proverbe populaire : contre force, pas de droit. En faisant l’historique de San Gemignano , nous avons expliqué comment, dans ces Apennins, ce n’étaient point une seule famille, un seul chef qui domi naient une contrée; c’étaient les villes entières, nobles, peuple et bourgeois, qui étaient maîtresses et souveraines du territoire qu’elles prétendaient gouverner. En un mot, là, les seigneuries étaient communales ou diffuses, en opposition avec les nôtres, qui étaient toutes individuelles, toutes personnelles à une race unique. Ce trait frappant ne suffirait point pour nous donner l’explication de la dissemblance profonde des deux civilisations, si, d’un côté, nous n’avions pour nous en rendre compte le principe chrétien, dominant de toute sa hauteur et sa puissance l’ordre politique, et de l’autre précisément l’inverse hiérarchique de cet état de choses et d’idées. Ce fait touche de trop près à la philosophie de notre propre histoire pour que nous le négligions à l’heure où nos recherches et nos courses artistiques auront encore été plus multipliées. Nous y reviendrons donc pour en achever la confirmation, tâchant de ne laisser aucune prise aux objections qui nous pourraient être adressées à ce sujet, non sans fondement peut-être, si nous ne devions nous appuyer encore sur d’autres investigations. Dans notre résumé sur les maisons du moyen âge, nops ne manquerons point de citer tout ce que nous aurons observé en France d’habitations particulières ayant tours et créneaux au milieu de nos villes. Mais la maison de Metz, la plus précieuse de son genre qui soit en nos provinces, rappelle notre attention vers elle, d’autant plus qu’elle est l’objet spécial de cette étude. Elle est située dans la rue des Trinitaires. C’est une assez vaste et imposante construction ; sa façade est carrée et fort élevée. A partir du pied, elle se divise en quatre étages, égaux deux à deux, les plus grands en bas. Son couronnement est crénelé. Les défen seurs parvenaient aux créneaux au moyen de chemins faits en beaux dallages et portés en encorbellement sur de fortes consoles : chose bien digne de remarque, le toit très-peu incliné était placé par-dessous ces passages destinés aux guer riers; les eaux s’écoulaient par des gargouilles en pierre sortant des faces laté rales. A l’un des angles, celui de gauche, s’élève la tour, signe généralement admis de la noblesse du maître. Elle est rectangulaire et fait corps commun avec le tout, ou plutôt elle rentre dans la ligne des constructions et dans leur masse, en se terminant également par des créneaux. Le second dé de son parallé logramme laisse béante une fenêtre presque carrée. Ne pourrait-on pas admettre