MAISON A METZ DOUZIÈME SIÈCLE A la première vue des gravures qui représentent la maison romane de Metz, l’esprit se sent tout à coup saisi du rapport singulier qui existe entre elle et tant d’autres non moins intéressantes qui couvrent encore à cette heure le sol de l’Italie. Pi-e, Lucques, San Gemignano, Pistoie, ne renfermaient presque que des habitations analogues, tant la noblesse y était nombreuse et les privilèges du patricial disséminés. Toutes ces villes jusqu’ici ont conservé au moins la base de leurs constructions qu’on pourrait avec raison appeler nobiliaires ; car partout leurs plus vieilles rues sont bordées soit de tours entières qu’on a respectées, soit de leurs portions conservées qui ont pu servir de refuge aux familles pauvres après que l’opulence se fut retirée de ces quartiers. Ce serait l’objet d’un travail plein d’intérêt, de comparer ce qui reste aujourd’hui de pareilles ruines, en France, en Italie et en Allemagne. Notre pays est assuré ment celui qui en est le plus dépourvu maintenant, comme si le peuple y avait toujours eu le triste privilège de détruire les titres de son passé. L’Allemagne est restée mieux partagée que nous à cet égard. Ralisbonne à elle seule nous offrirait nombre de curieux exemples de maisons fortifiées et défendues par des tours à l’instar de celle qui est le sujet de cette notice, et peut-être viendrons- nous lui demander quelque jour des dessins de ces pittoresques bâtisses qu’il ne serait point impossible de faire accepter au goût renaissant des artistes modernes. Mais en France, on chercherait sans doute en vain dans toute autre ville que Metz un modèle de ce genre de constructions aussi intact dans sa projection, depuis sa base jusqu’à son sommet. Le peu qui reste debout des trois tours sei gneuriales de Cordes en Languedoc ne suffit plus pour en donner l’idée. A l’en droit où nous sommes en ce moment, tout subsiste, au contraire, de manière à ce que rien d’essentiel ne manque à une restitution complète de l’objet. Quelques détails arrachés de leur place par l’ignorance intéressée ne pouvaient faire aucun tort au travail d’ensemble que nous avons entrepris. On se demande avec raison pourquoi les maisons avec tours de défense étaient relativement plus rares dans nos cités françaises du moyen âge. Nous trouvons la cause de cette différence dans la constitution, dans l’organisation môme de 20