150 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. veaux d’ogives rabattus, taillés en bizeau et ciselés sur leurs angles de manière à produire un évasement d’un merveilleux effet. Cette modification aisée en ap parence, et pourtant si singulière à cause de sa rareté, nous a paru tout à fait restreinte à l’étroite circonscription de la localité, car nous ne l’avons plus retrouvée ni dans le voisinage le plus rapproché, ni dans le rayon plus étendu de la province. Des trumeaux amortis, écoinsonnés de la sorte avec de mâles et profondes moulures légèrement incurvées en haut et en bas, et chargées de feuilles et de fleurons à leurs extrémités; des chambranles, des sections d arcs ainsi brisés sur leurs arêtes font des ouvertures qu’ils entourent par paire un véritable type à part. Aussi ont-elles été souvent reproduites et toujours riche ment profilées dans un grand nombre d’habitations de cette ville. L’esprit naïve ment inventif de l’architecte, son tact d’artiste avaient été appréciés de son temps et plus tard : l’arrangement simple non moins qu’admirable qu’il sut employer dans l’œuvre que nous examinons, se prêta sous sa main et celle de ses succes seurs aux modes les plus variés. Nous n’en donnons que l’exemple présent avec d’autant plus de bonheur qu’il est extrait, détaché de notre sujet; il est peut être le premier dans l'ordre des dates, le plus précieux par le travail, et sans doute aussi le mieux conservé, malgré les mauvais traitements qu’il a subis çà et là du temps et de la main des hommes. Nous pourrions ajouter qu’il est comme le sceau, le signe distinctif de l’archi tecture de Figeac, tant il lui appartient exclusivement : assez rare fortune chez nous pour être signalée en passant. Il n’en est pas de môme en France qu’en Italie, où !a plus petite cité porte une empreinte de construction qui lui est propre, et qu’on reconnaît à tous les pans de mur de ses rues. A peine ce trait spécial, ce cachet original que nous avons tant de fois constaté au delà des Alpes, se font- iis remarquer de notre côté pour distinguer entre elles nos plus grandes divi sions de territoires d’une autre époque. De semblables seings apposés sur leurs bâtiments par une capitale ou toute une contrée que personnifient en quelque ma nière un auteur et ses émules, manquent à notre pays : ce sont autant de signes distinctifs, d’ingénieuses marques de diversité que nous regrettons pour lui. Les murailles où se voient ces exemples achevés de baies à ogives géminées reflètent d’une frappante façon la physionomie de l’architecture romane; et néan moins l'appareil plus soigné et d’autres conditions encore traduisent visiblement un ouvrage conçu et exécuté au xm c siècle. On croirait presque que toute la sculpture serait due à la vieille habileté d’une main de l’époque précédente, tandis qu’une plus jeune tête aurait produit le bel ensemble que nous avons recueilli avec scrupule, et auquel nous avons rendu ce que le temps lui avait arraché avec l’aide des dernières générations. Les pentes peu rapides de la toi ture étaient dirigées vers les rues latérales, afin sans doute que le pignon, formé de simples chevrons et donnant sur la rue, maintînt un privilège de la propriété