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HOTEL DE VILLE DE SAIN T-A N TON IN. 143 et que les vieilles traditions du pays retiennent à peine quelques souvenirs d’un passé qui n’a point été sans importance, cependant des faits relativement ré cents nous doivent faire conclure que là s’étaient concentrés autrefois des inté rêts politiques et civils d'une assez grande portée. Ainsi, un jour de notre his toire, devant les murs de Saint-Antonin, fut un moment arrêtée la marche victorieuse de Richelieu domptant le protestantisme rebelle. Singulier con traste de voir, en présence de cette petite place qui résiste, un roi de France avec son armée, et le ministre qui « fit de son maître un esclave, et de cet illus tre esclave le plus grand monarque du monde. « Qui le croirait à cette heure? Le siège commandé par le cardinal et son royal auxiliaire, pour abattre en ce point la révolte des protestants, est peut-être moins propre à relever de l’oubli ce lieu de leurs exploits qu’un autre fait moins éclatant sans doute, qui se révèle depuis peu : c’est l’appréciation des objets précieux et curieux que le temps et la guerre y ont respectés. Si le vainqueur a détruit les vieilles fortifications, il a laissé dans l’enceinte qu’elles avaient formée de plus anciennes murailles qui n’inquiétaient point sa victoire: ce sont celles d’un antique hôtel de ville, dont la tour pourtant fut peut-être alors dé couronnée de son appareil guerrier. Et n’est-ce pas merveille de voir maintenant s’attacher à ce débris d’un âge reculé non-seulement des habitants de la contrée, mais encore des artistes et des savants qui cherchent à s’inspirer des œuvres monumentales de nos pères? Quel serait donc l’intérêt qui s’attacherait aujour d’hui à cette ruine naguère encore abandonnée, si ce n’est celui de l’étude de ce qui en subsiste après tant de chances de destruction? C’est un édifice consa cré à un usage public et civil, qui a produit ce phénomène d’attirer l’attention de l’homme de loisir, de l'archéologue et du voyageur, malgré son peu de développement, mais à cause de la perfection de son travail et de la rareté du type qu’il présente; et, grâce à cette antiquité nationale, voilà que ce coin reculé de la France, d’oublié qu’il était, devient un pèlerinage chaque jour plus fréquenté par ceux qui ont quelque souci de nos plus chers intérêts. Mais ce bel édifice de style roman, qui a traversé les siècles de foi et les tristes périodes de toutes nos guerres religieuses, celles des Albigeois, longs et terribles désastres, et celles des huguenots, était-il bien, comme nous l’avons dit, le siège de l’édilité locale, le centre des affaires de la communauté? Était-il bien en effet un hôtel de ville, selon le sens attaché à cette désignation caractéris tique? L’absence de documents sur son origine première et sur sa destination nous empêche de l’affirmer; mais sa position sur la place publique, entre deux halles où se tenaient les marchés, sa disposition inférieure qui laissait libre tout l’espace à fleur de sol, ses deux salles, l’une au premier étage à claire-voie, et l’autre au-dessus, moins ornée dans ses moins nombreuses ouvertures, et surtout le beffroi, dont la cloche pouvait rassembler les citoyens aux grands jours, sont