PALAIS GÜIN1GI A LUCQUES TREIZIÈME SIÈCLE. Plus d’une fois, on l’aura remarqué sans doute, nous avons exprimé les sen timents qui nous animent, quand nous pouvons, dans le cours de notre travail, nous reporter par nos souvenirs vers les beaux champs de l’Italie. Grande est notre joie de renouveler ainsi par la mémoire du cœur et de l’esprit, ce retour sur nos pas vers des lieux où la grâce de l’hospitalité a souvent doublé pour nous le charme de nos rencontres et de nos découvertes les plus souhaitées. En nous rappelant les impressions que notre course par delà les Alpes nous a lais sées si vives et si variées, nous éprouvons une satisfaction qui, nous l’espérons, sera partagée, et nous donnera la confiance de mieux remplir la tâche que nous nous sommes tracée: car nous avons trouvé dans notre pèlerinage à travers le sol privilégié que nous avons déjà nommé plus haut la terre promise des beaux- arts, tant de précieux sujets d’étude, tant d’importants et merveilleux objets de communication, qu’il doit nous rester une véritable difficulté de choisir entre toutes les richesses qu’il nous a fournies. Le scrupule même qui naît pour nous de cet embarras facile à comprendre, nous oblige à préférer, eu égard à notre but pratique, quelques-uns de ces tré sors à ceux de même ordre que nous avons pu recueillir dans nos provinces les moins déshéritées juSqu’à ce jour de leurs œuvres du moyen âge. Et puisqu’il entre dans nos vues d’application immédiate ou prochaine, de mettre à profit les principales créations de cette époque originale et féconde, quels que soient les lieux qui lésaient vues s’élever sous leur ciel, sans plus d’hésitation choisissons pour leur mérite quelques-uns des types que la péninsule possède en si grand nombre. Les modèles de style roman et ogival que nous en avons tirés à plu sieurs reprises, garantissent d’avance la valeur de celui qui nous est offert dans le palais Guinigi, l’un des plus remarquables de Lucques par son grand et beau caractère et par sa parfaite conservation. A l’angle des deux rues de Saint-André et de Saint-Simon, dans l’une des par ties les plus désertes de la ville, au milieu de vieilles églises et d’anciennes cha-