88 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. temps de prospérité qui remplit la ville de constructions romanes, à ce point qu’à peine les siècles suivants purent-ils élever quelques bâtiments civils et privés dans cette enceinte resserrée. Cependant, la meilleure époque ogivale y a laissé deux ou trois maisons qui ne diffèrent en rien de leurs aînées par leur plan; mais elles s’en distinguent, comme nous l’avons vu, par le style de leurs sculptures, et par les moulures à trilobés qui décorent leurs linteaux rarement évidés. 11 nous a semblé que dans la suite, les riches particuliers furent encore davantage empêchés de bâtir au milieu de cette agglomération de plus en plus pressée d’habitants. On se souviendra néanmoins que nous avons pu recueillir un fort bel exemple de maison du xiv e siècle : des œuvres de ce temps, il ne reste plus guère d’ailleurs que des fragments épars çà et là. Les plus intéressants d’en tre ceux-ci ont été rassemblés avec le plus louable zèle par un savant archéologue dont le nom, dans ce récit, s’est déjà plusieurs fois rencontré sous notre plume; ces débris ont été heureusement employés à orner son magnifique jardin. Ce sont, on se le rappellera peut-être, des colonnettes alternant avec des pilastres, cou ronnés les uns et les autres par de superbes chapiteaux ; les supports ont été un peu plus distancés qu’ils ne l’étaient à leur primitif emplacement. Les linteaux qu’ils portaient ont été remplacés par des poutres«n bois, et à l’aide de ces seuls changements, la galerie d’une habitation entièrement démolie est devenue la façade d’une jolie serre. Le xv c siècle a beaucoup plus marqué son passage dans cette intéressante localité; du moins, tout ce qu’il a édifié y a été plus respecté. C’est vers sa der nière moitié que l’abbé Jean de Bourbon lit élever le vaste bâtiment de la pre mière abbatiale. La seconde ne tarda pas à être érigée par les successeurs de ce prince fastueux ; et l’on vit les cardinaux d’Amboise donner en ce pays une nouvelle impulsion aux travaux d’architecture. A cette date se rapporte un uu grand et beau logis 1 ouvert au rez-de-chaussée.par deux arcades en segment de cercle. Ses deux étages sont éclairés par des croisées à meneaux de dimen sion différente. Du reste, les dispositions sont les mêmes que dans les construc tions plus anciennes. Non loin de là, on rencontre la demeure plus modeste que se firent, à la même époque, dans ce coin reculé de la Bourgogne, les ancêtres de l’illustre auteur des Méditations et des Harmonies Poétiques : ce ne fut que plus tard qu’ils se transportèrent à Mâcon, où nous retrouvons leur dernière postérité en possession du toit qui les y abrita; la porte en reste encore sur montée aujourd’hui du chiffre en fer battu composé de l’initiale redoublée du nom de Lamartine. Cluny n’a point oublié que cette famille habita ses murailles; il se plaît à redire les souvenirs qu’il en a gardés. Enfin, pour terminer cette revue rapide que nous pourrions presque dire 1. Cette maison est indiquée dans le plan général sous le n° 57.