MAISONS A CLUNY. 85 pourtour; deux moitiés de roses et des modillonsconstituent avec les feuilles palmées de ce riche contour la curieuse ornementation de ce débris échappé sans doute à quelque édifice que sa splendeur même aura plutôt fait abandonner. Nous regrettons que le nom de celui qui l’a préservé de la destruction ne nous soit pas connu, pour lui rendre l’hommage qui lui est dû. Cet attachement à nos antiquités, trop rare encore parmi nous, n'en a que plus de droits à notre gra titude et à nos encouragements. Une autre sollicitude, déjà reconnue et proclamée par nous en plusieurs pages de cette notice, a pu sauver en entier une belle claire-voie qui éclairait sans doute autrefois le premier étage d’une habitation particulière du XIV* siècle. Pilastres, colonnes, bases, chapiteaux, tout cela a été recueilli et préservé de l’anéantissement par la seule mesure qui l’en put garantir. En les encadrant dans la construction récente d’une serre, la main intelligente qui a su protéger ces intéressantes reliques, leur a donné un but d’utilité charmante. Par cette convenable destination, elle ne pouvait les approprier à un usage mieux com pris, puisqu’elle en faisait une longue façade, devant recevoir les rayons de nos soleils d’hiver au profit de plantes et de fleurs venues de régions plus chaudes. De ces membres ainsi séparés, nous avons fait graver plusieurs chapiteaux dont le galbe et la structure ne peuvent rien laisser à désirer pour l’élégance et l’har monieuse proportion. Si l’on jette un moment les yeux sur la planche qui les contient, on nous rendra de suite cette justice de n’avoir attaché de prix qu’aux choses qui en avaient en réalité par elles-mêmes. Toute notre tâche consiste en effet à ne rien admettre dans nos dessins qui n’ait un véritable intérêt pour ceux qui savent où tendent nos désirs et nos efforts. Après avoir traversé ce labyrinthe de ruines et ce mélange d’œuvres de tous les temps de notre histoire artistique, nous devons chercher à résumer en quel ques mots les traits les plus frappants de ce qui a passé si rapidement sous nos yeux. Il sera bon de concentrer davantage les impressions que l’ordre même dans lequel nous les avons reçues et exprimées n’aura point rendues immé diatement assez saisissantes : et d’ailleurs, ces tableaux, vus en raccourci , ne présenteront-ils pas les points pratiques que nous voulons faire ressortir avec intention, mieux à tous égards, que ces longs récits où nous nous sommes trop complu peut-être. Si l’on se rappelait quelques-unes de nos réflexions jetées çà et là en considérant, dans une localité presque oubliée de nos jours, le tribut payé par chaque siècle de l’art gothique à une ingrate postérité, ne serait-ce pas là tout l’effort que pourrait faire l’esprit le plus bienveillant et le mieux disposé à l’indulgence pour nous? Achevons donc notre tâche par quel ques lignes de plus, en faisant en sorte qu’elles soient un abrégé succinct des détails où nous avons cru devoir entrer. Nous tenons pour certain qu’il n’y a d’enseignement pratique à tirer dans le cercle où nous nous sommes renfermés