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232 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. du cercle auquel ils appartiennent par les plus incontestables droits! Le grave et solennel séjour des morts est à notre sens une annexe, une dépendance immé diate de l’église chrétienne. Le cimetière est la ligne de circonvallation du sanc tuaire, le domaine du culte, dont le temple est comme le donjon seigneurial. La féodalité de la mort est la seule indestructible sur cette terre. Pourquoi lui avons- nous enlevé son caractère sacré, en séparant les vassaux endormis du maître qui ne veut point cesser de veiller sur eux? 11 n’appartient qu’à notre temps d’avoir brisé une union nécessaire, celle de la tombe et de l’autel. Une si puissante considération nous justifierait d’avoir omis de comprendre le campo santo, comme l’appelle l’Italie, le lieu de l’éternel repos dans les limites naturelles de nos recherches et de nos études. Quel noble dessein pourtant serait celui de chercher à ramener par l’art notre temps égaré au culte intelligent, à la vraie piété des tombeaux. Tout est à créer, tout est à faire à nouveau dans cet immense champ clos de la vie vaincue par le trépas. L’art plus que jamais 1 a déserté, depuis que trop souvent, sans besoin, nos cercueils ont été séparés de leur vrai centre d’attraction. Des erreurs 1 , des fautes de diverse nature nous sont échappées malgré nous dans une œuvre à la fois si longue, et si entrecoupée de voyages, de lenteurs à recueillir des dessins, de difficultés à les bien rendre par le burin, et d’obstacles bien plus grands pour répondre par une exposition convenable à ce que l’on avait droit d’exiger de nous. La plus grave que nous ayons eu à nous reprocher, nous en avons déjà accusé notre bonne foi elle-même dans une note de ce résumé. Notre aveu prouvera du moins la sincérité de nos efforts, en montrant avec quel confiant abandon, avec quelle défiance de notre propre jugement nous aimions à nous reposer même sur l’érudition trompée d’autrui. Il suffit qu’une fois ce malheur nous soit arrivé, pour que nous nous adressions franchement à la bienveillance du lecteur, qui nous l’accordera pleinement. Si la faveur du public nous permettait plus tard une complète réparation, nous le disons en toute simplicité, notre bonheur d’auteurs serait à son comble. 1. Nous ne publions point A’errata : il est une inadvertance que nous ne pouvons néanmoins passer sous silence. Dans un passage (vol. I, page 115), nous avions voulu dire, à propos des divisions des guerres sans cesse renaissantes du moyen âge, que « le mobile des petites ambitions, des rivalités de voisin à voisin, des conquêtes de seuil à seuil devait à peu près partout se ressembler »; à l’expression mobile on a substitué celle de mobilier; un tel changement défigure entièrement notre pensée. Il rend nécessaire celte rectification; elle sera l’unique, à cause de son importance.