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ai6 TABLEAUX L’Hiftoire dit qu’il étoit éperdument amoureux de fa fem me, Dame très - belle, mais qui ne le payôit pas d’un en tier retour. Le Comte éprouva, dans un long voyage qu’il Ht, la vérité du proverbe, Que les abjens ont fouvent tort. LaComteffe écoit devenue infidèle, ôt fa conduire avoit fait éclat dans tout le pays. L’Intendant, qui adminiftroit les Domaines du Comte en Ion abfence, crut être obligé en confcience, comme un loyal ferviteur, de lui révéler le myftère. Mais fon embarras augmenta , lorfqu’il voulut le découvrir, dans un entretien fecret avec fon Maître. Monfieigneur, lui dit-il, mon devoir , ma fidelité tnimpo- fient la nécefitté de vous déclarer une affaire d'une grande importance. A ces mots le Comte eîfrayé lui répondit : Mon cher Intendant, dis -moi ce que tu voudras , mais au moins rien de mal dé ma femjne, car quelque part où je finis , SC lorfique je penjè à fia beauté, elle ravit toute mon ame ,• toutes fes maniérés douces SC affables me font oublier toutes mes inquiétudes, toutes mes peines, SC je goûte une véritable fatisjaclton de pouvoir paffer à mon retour mon temps auprès d'elle dans les épanchemens de mon cœur. Cet aveu du Comte régla dans l’inftant le filence de l’Intendant, fur le myftère qu’il avoit d’abord voulu révé ler à fon Seigneur; &. comme il étoit naturellement fou- pie , il reprit la parole fans marquer aucune altération, ■Monfiligueur , répondit-il au Comte , çeque je veux vous dire y ne regarde pas Madame votre chere époufie, mais depuis long-temps je Jonge d un projet qui pourroit être à la fois SC très - glorieux SC très - avantageux pour vos en- fans & votre poflérité, SC en même-temps fieivir à vôtre défenfie SC à celle de votre pays y d'une maniéré bien con- fiolante.