ÿ 6 TABLEAUX ces deux Cantons envoient alternativement à Morat un Baillif avec le titre d' Avoyer. On fe fert indifféremment, dans ce Bailliage, des langues allemande & françoife. La plupart des villages ont, par cette raifon , deux noms divers , l’un allemand, l’autre françois. Autrefois la langue françoife l’emportoitde beau- coitp fur 1 allemande , & dans la ville de Morat & dans le Bailliage. Mais depuis foixante- dix ans environ , les Ber- nois ont travaillé à y faire prévaloir la langue allemande : ils ont même obligé quelques villages Romands , au nord & à l’orient de Morat, de recevoir cette langue ; & dans les Tribunaux tout fe traite en allemand. Au refte tout le Bailliage eft de la Religion Réformée. La ville de Mo rat, en particulier, à eu des Réformateurs François, en- tr’autres le fameux Guillaume Farel. La Réformation fut acceptée à Morat en 1 y30, à la pluralité des voix, & en préfence des Députés de Berne & de Fribourg, qui y avoient été envoyés pour prélïder à cette décilion. Le refte du Bailliage fuivit bientôt après. L’efprit (6) d’indépen dance , qui diftingue les différentes Républiques de la Suiffe , n’a été dans aucun cas plus apparent que dans leur maniera d’adopter ou de rejetter la réformation ; ce n’efl pas à Morat feulement, qu’on a vu cette queftion judiciai rement foumife à la déc'ifion du peuple affemblé; & par tout la minorité s’eft fait un devoir d’acquiefcer avec fou- milfion à l’avis de la majorité. (<5) Lettres de M. Cox-e fur la Suiffe, avec les Obfervations de M. Ramond, tom. II} p- !87i Paris, 1781, in - 8°. La