jo TABLEAUX ans après le même Abbé oublia fa promeiïc. L’Empereut Rodolphe qui avoit déjà accordé aux Lucernois le droit de pofleder &c d’acquérir des fiefs, ne leur avoit fait cette grâce que pour les préparer infenfiblcment a fe foumettre à fa Mai- fon. Ce Prince ne perdoit pas de vue le plan qu’il avoit formé , dès fon élévation au trône Impérial, d’étendre de plus en plus fon patrimoine dans un pays où il pofiedoit déjà les Comtes de Habfpourg, de Kibourg, de Baden, & de Lenz- bourg, la ville de Zoug , 8c d’autres fcigncurics. Son fils le Duc Albert qui avoit beaucoup d’enfans, le prefloit inftam- ment d’acquérir Lucerne, acquifition qui lui faciliteroit de fuccéder aux droits que le Monaftère de Lucerne, ( annexe de l’Abbaye de Murbach ) avoit confervés dans le pays d’Un- dcrwaldcn, au bourg d’Art, & dans beaucoup de villages de l’Argeu. Les iniïances de Rodolphe auprès de l’Abbé de Mur bach furent un temps infruftueufes. Le Prélat, encore mémo- ratif de la promefie que lui &: fes prédécefleurs avoient faite plufieurs fois aux Lucernois, aux habitans d’Undcrwaldcn & d’Art, de ne jamais les aliéner de l’Abbaye de Murbach, oppofa un honnête refus à toutes les follicitations ; mais le prévoyant Rodolphe connoifloit l’art de temporifer : l’année 1291 lui offrit enfin une occafion favorable. Bcrtold de Falc- kenftein, toujours prodigue, &: toujours endetté, n’avoit pas encore reçu du fuprême Chef de l’Empire la confirmation de fes privilèges depuis fix ans qu’il étoit Abbé de Murbach. Le dérangement de fes finances étoit tel qu’il ne pouvoit payer la taxe attachée a cette confirmation ; il redevoit d’ailleurs quelques autres impositions de l’F.mpire. Rodolphe exacte ment informé de la détrefle de l’Abbé, le preiïoit vivement pour la prédation de l’hommage &: pour l’acquit de fes autres