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16 TABLEAUX année dans la femaine fainte. Le jeudi faint, les Seiie ou S deniers font choifis par le fort entre les Baillifs hors de » tellement qu’il n’y ait dans l’année un in fiant où toutes fes fondions font as arrêtées ; c’eft pendant les trois derniers- jours de la Semaine-Sainte, ce » qui vient apparemment de l’ancien ufage des Allemands de commencer j> l’année à Pâques, & de ce qu’anciennement toutes les Magiftratures de la » République étoient annuelles. Or, ces trois derniers jours de l'année politique des Bernois, le Souverain ordinaire expire, pour ainfi dire, ou » au moins il difparoit pour ne laitier régner que les droits de la cenfure & » de la puiffance Tribunitietine, dans un Tribunal qu’on peut appeller le y, Sexdecimvirat ; il eft compofé des quatre Bannerets 8c de feize Commif- » faires choifis pour trier les deux Confeils, en les paffant au Grabeau , & » en rejettant tout ce qui eft infect & gâté. Mais ce qui étoit autrefois une rigoureufe difeipline, n’eft plus gueres aujourd’hui qu’une vaine forma is lité, foit que les hommes de nos jours foient devenus meilleurs, foit » qu’un circuit vicieux d’égards perfonnels 8c de ménagemens politiques « ait énervé ce que cet utile 8c puiflant reflort avoit de trop auftère. Car » à moins de la dernière 8c de la plus manifefte des dépravations, on ne » voit guères, que la rigueur de ce Grabeau s’étende au-delà d’un fimple » avertiffement fecret ; au moins l’inftitution en eft-elle admirable 8c d’un » excellent ufage. Voyons de quelle manière ils procèdent à cet aéte, » qu’ils appellent le renouvellement de leur Magiftrature. Le mercredi >s faint les Seizeniers de l’année fe défignent, car leurs fondions ne durent » jamais qu’un an. Quoiqu’ils doivent être tous des perfonnages Confu- » laires , 8c même ce qu’il y a dans cet ordre de Citoyens de plus irré- » prochable 8c de plus grave , leur choix n’en tient pas moins à une des 5> douze compagnies d’artifans, qu’ils nomment Abbayes. Toutes les familles Patriciennes doivent être immatriculées dans quelqu’une de ces Abbayes, 3) ce qui paroît un veftige de l’influence primordiale, que toute la Bour- 3> geoifie a eu jadis au gouvernement de l’Etat. Les quatre premières Ab~ n bayes, celles des Boulangers, des Maréchaux, des Bouchers 8c des Tan- as neurs, ont chacune deux Seizeniers à donner , 8c les huit autres n’en » donnent qu’un. Pour être éligible il faut être Membre des Deux-Cent, de as la dalle des Baillifs vétérans, n’être point célibataire , 8c n’avoir ni fon as père ni fon frère dans le Sénat; li ces qualités fe rencontrent en plufieurs as fujets d'une même Abbaye, ce n’eft point la pluralité des voix qui déci- s> de, comme cela paroîtroit allez raifonnable, c’eft le caprice du fort ; as s’ils n’y a qu’un feul Candidat, il eft Seizenier de droit : enfin s’il n’y en as a point du tout, ceux des autres Abbayes fuppléent au défaut, 8c c’eft 3s encore celui que le fort défigne.