DE LA SUISSE. 14; de 1 'Ariftocra.de & de la Démocratie, & fi l'on doit en croire dif férentes relations, elle penche même plus vers la conftitution populaire j depuis l’afcendant prédominant que les Tribus peut appeller l’effence de la Souveraineté eft le patrimoine univerfel du Corps colleftif de la Bourgeoifie; c'eft dans le fein de cette multitude quâ réfide radicalement cette précieufe faculté, fans pourtant que le peuple eo exerce aucun aéte par lui-même. En effet la Commune-Souveraine, la Bourgeoifie de Zurich, ne s’affemble jamais en comices pour délibérer des affaires publiques, comme cela fe pratique dans les Cantons purement popu laires : fa manière ordinaire de s’affembler eft par Curies ou par Tribus ; mais ces Curies néceffairement féparées & diftin&es ne fauroient fe mêler du Gouvernement ; elles ne s’en occupent que pour former le Corps qui en eft dépofitaire en leur nom , & pour élire chacune le nombre de Magiftrats qui lui eft néceffaire, lefquels font comme autant de Députés perpétuels que chaque Tribu envoyé au Parlement général, fans autre inftrudion que le vœu commun de tous fes Membres pour le maintien des Loix & pour le bien public. Je joins ici des réflexions de M. l’Abbé de Mably r relatives au Gouver nement de Zurich ; elles fe trouvent dans fon traité de la Législation ou Prin cipes des Loix, fécondé partie, pag. 14(5.148. Amfierdam 1776, in-12. Voici fon texte : 33 Je me rappelle ce que me difoit à Zurich en Suide, un homme digne » des anciens temps, & dont je cultiverai toujours avec foin la précieufe n amitié. Vous êtes allez content, medifoit-il, de notre Gouvernement ; » nos Loix vous paroiffent fages ; & quoiqu’elles ayent été faites dans un » temps où l’Europe barbare ne nous donnoitque des exemples d’injuftice 3> & de Tyrannie, elles font allez juftes. Tout tend à nous faire aimer l’é- « galité ; nos Magiftrats font fans fafte, les Amples Citoyens ne craignent point leurs caprices, & 011 s'attendrait à trouver parmi nous Pamour le » plus vif pour la Patrie. Cependant j’y vois je ne fais quelle tiédeur qui n’eft 3> pas digne de notre Liberté , & que les Grecs & les Romains auraient 3> regardée comme un grand vice. Perfonne ne fe plaint ni ne peut fe » plaindre que le Gouvernement l’opprime, tout le monde convient de fa 33 douceur , & cependant nos Loix nous font, en quelque forte, indiffé- 31 rentes. Quoiqu'elles nous foient néceffaires pour éviter l’oppreflîo» & con- 3> ferver la tranquillité publique, nous n’avons pas le courage de les aimée 33 avec cette chaleur qui élève l’ame des vrais Républicains. J a ‘ beau 3> chercher, ajoutoit-t-il, les caufes de cette malheureufe nonchalance, je >3 n’en vois point d’autre que notre négligence à nous faire d excellents