DE LA SUISSE. s un membre, une partie de la Cité ou de l’Etat a qui il étoit fournis. Ce terme de Kanton a été retenu dans la langue Fran- çoife avec toutes fes lignifications, &: fans fouffrir d’autre changement, que celui qu’on a fait dans la manière de l’écrire par un K au lieu duquel on met un C dont la prononciation eft la même. On fe fert du mot Canton pour défigner une partie de province, fans avoir égard fi cette partie dont on veut parler, forme un Corps Civil & un gouvernement par ticulier ; mais Amplement pour s’exprimer avec un peu plus de précifion fur la fituation des lieux dont il s’agit, que fi l’on ne nommoit que la région ou la province. C’eft la ligni fication générale que Kant ou Kanton avoicnt dans la langue Celtique, fuivant Bochat. D’autres fois on entend par Canton, de même qu’en latin par Pagus, les pcrfonnes, les habitans d’un certain diftrid, fans autre relation au territoire, que pour dire que c’clt uniquement des habitans de ce territoire dont on veut parler. Telle eft l’idée que donne Céfar, quand ( 11 ) il dit que cent Cantons des Suèves vinrent s’établir fur les bords du. Rhin , ÔC quand, parlant des Helvéticns du Canton appelle Tigutinus , il dit: ce Canton ( iz) étant forti feul de l’Helvétie du temps de nos pères, avoit tué le Conful Lucius-Caffius & fait pajferfon armée fous le joug. Rien n’eft plus ordinaire dans toutes les langues que cette manière de parler. D’autres fois Canton, comme Pagus, ne défigne que les terres & non les habitans. On dit : le vin de tel canton efl meilleur que celui de tel autre. Ammien Marcellin ( 13 ) écrit que les Alains ( n ) Pagos centum Suevorum ad ripant Rhtni confedijfe. LU. 1. Cap. 37 , de Bello Gallica. ( 12) Hic pagus unus cum domo exijfet patrum noftrorum memoria L. Caftant confident inierfccerat & ejus excrcitum fub jugum miferat. Lib. I. Cap. 12. ( 1J ) Alani per pagos yagantur immenfos. Lib, III. Cap. III.