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COSTUME DES PERSES. queue d’un aigle B. Ils avoient leur bouclier arme des deux ailes de l’oifeau vorace C, ouvertes & fixées avec des clous, de maniéré que toutes les plumes préfentoient comme autant de lances D, qu’en combattant, le Croate hérifsoit contre l’en nemi. Cet ajuftement a fervi de modèle à d’autres barbares, qui ont voulu imiter les Croates du Nord; mais il s’en faut de beaucoup qu’ils l’aient rendu aulli effrayant E. Ils avoient des troupes lé gères coëifées d’un cafque en guife de mitre F, vêtues en partie de peaux de bouc, 8c nues en parrie G. Leur foin croit de couper beaucoup de têtes H , H, I, avec leur épée en faucille K, de fignoler ainfi leur bravoure , & d’en tirer de mo diques récompenfes. Les cafques L, M , N, ap partiennent à divers barbares que fubjugua Tra- jan: ils ont été extraits de la bafe de la colonne qui porte le nom de cet Empereur. On ne doute point que la coëffure en nattes O, fculptée fur un fond quarré, ne foit l’ajuftement d’une Africaine ; il eft fait de cheveux poftiches à la mode des Partîtes, qui s’ajuftoient non feulement avec des chevelu res , mais encore avec des barbes d’emprunt. La hache à double tranchant Q, armée par le bout de trois pointes R , fervoit aux barbares de Croatie mentionnés ci-defsus; ils l’employoient au lieu du foulon S, & de l’épée qu’ils ont en main. PLANCHE l(j. Dis que la guerre eut fait fentir aux Barbares, qui combattoient nuds 0 la néceffité de fe garantir des traits de l’ennemi, ils fe vêtirent des peaux des bêtes fauves que la chafse leur fournifsoit abon damment. La tête de l’animal leur fervoit de coëffure, 8c ils fe formoient des manteaux du refte de la dépouille, qu’ils fixoient en nouant les pattes. C’eft par la coutume où étoient ces peuples de s’ac coutrer ainfi, & par l’utilité que bien des curieux et des Artiftes pourraient retirer de nos recherches à ce fujet, que nous avons été déterminés à pro duire ici quelques modèles de dépouilles entières de têtes 8c de crinières de ces animaux féroces ; nous les avons retracés dans trois planches confc- cutives. On voit ici une tigrefse en furie A, 8c un léopard qui fe repofe B , entourés de têtes de chiens ; l’une vue en defsus C , l’autre en defsous D. Suivent des têtes de cheval E, de jeune tigre F, dont les Éthiopiens 8c certains Arabes fe coëffoient. Plus des têtes d’ours G 8c de fanglier H, avec leurs pattes féparées I, K : ceux qui s’en fervoient les attachoient devant la poitrine, ou à l’endroit de la ceinture. PLANCHE 17. Cette feuille n’eft qu’une fuite de la précé dente. O y trouve des têtes de loup A, de louve B, de genifse C , dont fe couvraient divers habitants de la Mauritanie. Nous avons placé au milieu de ces têtes un lion E, & au-defsous toute la peau d’une panthère ( 1 ) F, G, H, dans la vue de rendre ces objets utiles en préfentant les ani maux mêmes en entier, ou leurs dépouilles com plétés ; on donne ainfi plus de facilité aux Artiftes d’en former, foit des houfses aux chevaux, des vêtements aux Barbares, aux Porte-Enfeignes ou auxTibiciniens Romains; foit pour fervir de fiege aux Seigneurs Perfes, ou de lits aux Héros Grecs. Au rapport d’Homere , ces Héros couchoient fur des peaux ; & les Perfes, de qui ils en prirent l’u- fiige, le communiquèrent à plufieurs peuples. O11 mettoit fur ces peaux des étoffes qui leur fer voient de matelas ; fur-ces étoffes, de beaux tapis : c’étoient leurs draps ; fur ces draps, de riches cou vertures ; & les peaux, garnies de tout leur poil, fervoient de fommier contre l’humidité. Paufa- nias, dans fon voyage de l’Attique, rapporte que ceux qui facrifioient à Amphiaraiis , dont le génie excelloit dans l'interprétation des fonges, après lui avoir immolé un belier , étendoient la peau de la victime fur le plancher, fe couchoient defsus & s’endormoient, dans Pefpérance d’avoir quelque fonge fuivi d’une explication favorable. Non feu lement les Anciens fe fervoient de ces dépouilles pour prendre leur fommeil, mais encore ils les (r ) Les Égyptiens embaumoient non feulement les corps des pays étrangers. Ils les empailloient aufli avec beaucoup des animaux de leur pays pour qui ils avoient une extrême d’adrefse, comme ceux qu’on voit au Cabinet du Jardin du vénération, mais encore ceux qu’on leur apportoic morts Roi & chez plufieurs curieux.