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UN MUSEE JAPONAIS 22, rue de Provence, et rue Chauchat, ig. ncore il y a trente ans, l’art japonais, si passionnément admiré aujour d’hui, entré dans la décoration de nos appartements, passé dans nos moeurs, imité, copié, pillé, plagié chaque jour par nos Artistes, sur tout par ceux de l’industrie, l’art japonais était absolument inconnu en France. On confondait Chine et Japon dans le même dédain igno rant; on niait toute valeur esthétique aux très rares objets venus de l’extrême Orient, tout juste avec la sagacité de Louis XIV repoussant les « magots » de Teniers, et, si l’on conservait quelque bibelot, c’était à cause de la curiosité qui s’attache à un objet rare. Les traités de 1854 nous ouvrirent les ports du Japon. Quelques feuilles peintes, quelques albums, quelques éventails ou écrans, quelques bronzes et porcelaines furent apportés en France, parvinrent entre les mains d’un petit groupe d’Artistes et de Gens de lettres. Ce fut pour eux une révélation, celle d’un art exquis : ils s’en firent les apôtres. Il convient de citer leurs noms : c’étaient les frères de Goncourt, Cernuschi, Bracque- mond, Ph. Burty, Alph. Hirsch, Zacharie Astruc, et plus tard Ernest Chesneau, notre ardent confrère Louis Gonse Haviland et tutti quanti. Parmi eux, le plus passionné et celui qui a certainement le plus fait effectivement