DE LA SUISSE. 379 oppofé; je veux dire un excès de gravité, ôc même une forte de roideur. Fribourg efl: celui de tous les cantons qui a fait le moins remarquer une origine allemande. Prefquetous fes habitans annoncent fur leur phyfionomie, dans leur langage, ÔC dans la tournure de leur caratlère, qu’ils ont été fuccef- fîvement fous la domination des Bourguignons ôc des Sa voyards , avant que d’obtenir le nom de Suiffes. Les Ci toyens de Fribourg ont confervé les ufages, la fimplicité & l’économie frugale du vieux tems. Un auteur Bernois (M. de Tfcharner), a (22) écrit que Xhabitude dufervice de France n a pas encore changé bien fenfiblement les mœurs des Fribourgeois peut-être » ajoute-t-il, ejl-ce parce que les perjonnes qui font une foi tune dans cette carrière, Je fixent à-peu-près en France, SC évitent par-là à leur patrie le dangereux exemple du luxe. On loueroit davan tage ces Citoyens de cet attachement aux habitudes dé leurs peres, s ilne venoit plus vraifemblabletnent des mêmes caufes qui les ont empêché de faire des progrès fienfibles dans les fciences SC dans les arts. Mais le reproche que fait ici gratuitement M. de Tfcharner au fervice de France , eft-il bien fondé ? ôc le luxe qui s’eft gliffé en Suilfe ne doit-il fes progrès qu’à ce fervice? Les Militaires Suilfes d’Hollande, du Piémont, de Naples ôc d’Efpagne, ont- ils toujours affiché la modération dans les ameublemens de leurs maifons ? N’a-t-on pas reproché à ceux d’Hol- lande d’avoir les premiers apporté dans leur patrie, à Berne > (21) Dia. géog. hifl. & polit, de la Suilfe > tome I> p. 202 , 203. Ge nève 8c Laufanne, 1777, in-3°, avec fig. Tome FUI. Bbb