DE LA SUISSE. 3 6 7 Il y a d’autres obfervateurs qui croient s’appercevoir que les moeurs de la-ville de Bd/e s’altèrent beaucoup depuis quelque temps , ft: iis prétendent y voir difparoître cette heureufe fimplicité qu’on vante avec tant de complaifance ^ qu’on ne connoit d’ordinaire que très-fuperficiellement } & avec laquelle on confond le plus fouvent la rufticité. Ne feroit-il pas permis cependant de douter que cette précieufe fimplicité ait jamais exifté dans cette ville ? car elle ne fauroit être que le partage d’un peuple vraiment poli par l’inftru&ion la plus foigneufe & par la légiflation la plus parfaite ; comme il n’y en a point au monde qui puiiïe fe vanter de jouir de ces heureux' avantages , il n’y en a point non plus qui puiffe s’attribuer une vérita ble fimplicité de moeurs qui , jufqu’à préfent, n’a été chez toutes les nations que le partage d’un petit nombre choili d’hommes vertueux. Il eft très-sûr, & on doit regarder comme un véritable avantage que l’ancienne rufticité , qui a régné Ci long temps dans la plupart des villes de la Suiffe, difparoiffe fenfi- blement à Bd/e ; & cette ville a été à cet égard plus heureufe que quelques autres villes helvétiques qui ont fubftitué par une révolution fubite , à la rudeffe des an ciennes mœurs , cette frivolité ôc cette diffipation que l’on nomme ailleurs poiitejfe & fociabi/ité. Les hommes, la plupart bornés , & occupés uniquement de leur com merce & de ces petites tracafleries qu’ils nomment po/i- tique, trouvent peu de goût dans le commerce des fem mes qui, quoique plus fpirituelles & plus inftruites , le font encore un objet important de leurs affaires domef- tiques, & n’ont entr’elles que des cotteries où elles ne Ce