364 TABLEAUX la geftion des affaires publiques. Tl eft très-sur encore que les Magiftrats d’apréfent ufent avec plus de modération ôc avec plus d’humanité du pouvoir qui leur eft confié , que n’avoient fait leurs prédéceffeurs ; ôc que l’efprit public, quelque foible qu’il foit encore parmi le peuple de Bâle, a déjà produit des fruits précieux, quoique peu nombreux. Si l’opulence des Négocians ôc l’aifance des Artifans , qui en eft la fuite, ont augmenté encore dans cette ville l’orgueil national fi naturel ôc fi pardonnable à tout peu ple libre , fi elles font le principe d’une piéfomption condamnable envers fes voifins , fi elles ont affoibli le refpect dû aux dignités ôc aux gens en place , il faut leur rendre la juftice que d’un autre côté elles ont prefqu’a- néanti cet efprit de brigue Ôc d’artifice qui autrefois étoit le feul inftrument d’une ambition vile ôc incéreffée, & ces haines de familles qui en étoient les fuites. On ne peut, ni ne doit pallier un autre mal que les richeflfes font à l’Etat, en éloignant des places les plus Importantes le favoir ôc les lumières, ôc en les faifant même méprifer aux yeux du peuple qui ne peut connoître leur prix que lorfqu’elles déployent leurs influences heureufes dans le maniement des affaires. On prétend que ce défaut ne laiffe pas de fe manifefter par un certain défordre dans la maniéré de trai ter les affaires intérieures, ôc on opine qu’il fe montre plus effentiellement encore par le peu d’influence qu’a ce Canton dans les affaires générales du Corps helvéti que , ôc par quelques autres marques auffi peu équivoques , qui difparoîtroient fans doute dès qu’on commenceroit à mettre dans les démarches plus de principes , plus d’uni formité ôc plus de fermeté. On auroit cependant tort d’attri-