3Jo TABLEAUX qui frappe tous les étrangers. Un concours de caufes phy- fîques 6c morales les retient depuis des fiecles, ôc les re tiendra peut-être long-temps encore dans cette ignorance oifive. La même pareffe qui les fait négliger d’appuyer leurs vignes à des échalats , les fait vivre la plupart dans une malpropreté dont les voyageurs ne peuvent parler fans dégoût. C’eft à cette indifférence choquante fur les commodités les plus néceffaires de la vie , fur l’apprêt des alimen. , ôc principalement fur le choix des eaux qu’ils pourroient fouvent fe procurer d’une meilleure qualité , ou en prévenir les effets nuifibles , c’eft , dis-je , à cette infenfibilité habituelle qu’il faut attribuer en grande partie ce nombre de (53) gouêtreux , de muets , d’imbécilles, qu’on rencontre dans plulieurs villages du Valiais , parmi lefquels il fe trouve des êtres fi mal organifés, que dans toute leur vie ils ne fe lèvent jamais de leur place , ôc qu’à peine les befoins de la vie les plus preffans leur arrachent quel que ligne de fenfation ou d’idée. Au refte, le fpeétacle d’une nature ainfi dégradée , terrible dans fa nouveauté , ne frappe point le peuple qui en eft le témoin journalier. Non-feulement la difformité d’un (64.) gouêtre eft peu (63) On obferve que les Gouêtres font héréditaires dans quelques famil les du Valiais. On a auffi remarqué que l’eau du Rhône ne donne pas lp gouêtre dans le village de Chara\, qui eft fur le bord du chemin au-ieilus de Martigny, tandis que la fontaine » qui eft dans le village d’au-deffus , donne le gouêtre; cette fontaine provient d’une montagne. On prétend que l’eau du Rhône, impregne'e de gravier, racle le goder, ôc empêche ainfi toute excrefcence de tumeur. (64) M. Marc-Théodore Bourrit, dans fa Defcription (*) des ajpeüs du Mont-