DE LA SUISSE. 34J » leurs maîtres ; la même liberté régné dans les mai- » Tons ôc dans la République , ôt la famille eft 1 image de » l’état. » La feule cliofe fur laquelle je ne jouilfois pas de la » liberté , étoit la durée exceiïive de mes repas. J’étois » bien maître de ne pas me mettre à table ; mais quand » j’y étois une fois , il y falloit relier une partie dé la » journée, & boire d’autant. Le moyen d’imaginer qu’un » homme , & un Suifle , n’aimât pas à boire! En effet , j’avoue que le bon vin me paraît une excellente chofe, » êc que je ne hais point à m’en égayer, pourvu qu’on » ne m’y force pas. J’ai toujours remarqué que les gens » faux font fobres , & la grande réferve des moeurs an- » nonce affez fouvent des moeurs feintes & des amis dou- » blés. Un homme franc craint moins ce babil affe&ueux » ôtces tendres épanchemens qui précédent l’yvreffe; mais » il faut favoir s’arrêter & prévenir l’excès. Voilà ce qu’il » ne m’étoit guere poiïible-de Faire avec d’aufli détermi- » nés buveurs que les Vallaifans , des vins auffi violens » que ceux du pays, & fur des tables où l’on ne vit ja- » mais d’eau. Comment fe réfoudre à jouer fi fottement » le fage, & à fâcher de fi bonnes gens. Je m’eny vrois » donc par reconnoiflance , & ne pouvant payer mon » écot de ma bourfe , je la payois de ma raifon. » Un autre ufage qui ne me gênoit guere moins, c’étoit » de voir , même chez des Magillrats , la femme & les « filles de la maifon, debout derrière ma chaife , fervir » à table comme des domeftiques. La galanterie françoife » fe feroit d’autant plus tourmentée à réparer cette in- » congruité, qu’avec la figure de Vallaifannes, des fer- Tome mi. Xx