344 TABLEAUX » font des hôtes qui nous viennent voir, parce qu’ils nous » aiment, ôt nous les recevons avec amitié. » Au refte , ajouta-t-il en fouriant, cette hofpitalité » n’eft pas couteufe , & peu de gens s’avifent d’en profiter. » Ah ! je le crois , lui répondis-je, que feroit-on chez » un peuple qui vit pour vivre , non pour gagner, ni » pour briller ? Hommes heureux & dignes de l’être ! » J’aime à croire qu’il faut vous reffetnbler en quelque » chofe pour fe plaire au milieu de vous. » Mais ce qui me paroifioit le plus agréable dans leur » accueil, c’étoit de n’y pas trouver le moindre veflige >j de gêne, ni pour eux , ni pour moi. Ils vivoient dans » leur maifon comme fi je n’y eufle pas été , & il ne tenoit v qu’à moi d’y être comme fi j’y eufle été feul. Ils ne » connoiffent point l’incommode vanité d’en faire les hon- » neurs aux étrangers , comme pour les avertir de la pré- o fence d’un maître dont on dépend au moins en cela. Si » je ne difois rien , ils fuppofoient que je voulois vivre » à leur maniéré ; je n’avois qu’à dire un mot pour vivre » à la mienne , fans éprouver jamais de leur part la moindre » marque de répugnance ôt d’étonnement. Le feul corn- » pliment qu’ils me firent, après avoir fu que j’étois Suiffe ■ » fut de me dire que nous étions freres, ôt que je n’avois » qu’à me regarder chez eux comme étant chez moi. Puis j) ils ne s’embarrafferent plus de ce que je faifois , n’itna- 3> ginant pas même que je pufle avoir le moindre doute » fur la fincérité de leurs offres , ni le moindre fcrupule » à m’en prévaloir. Ils en ufent entr’eux avec la même » fimplicité ; les enfans en âge de raifon font les égaux de leurs peres ; les domeftiques s’affeyent à table avec leurs >3