DE LA SUISSE. 343 » qu’a fa vivacité , j’avois pris pour l’âpreté du gain. Leur » défintéreffement fut fi complet que dans tout le voyage » je n’ai pu trouver à placer un patagon ($6). En effet, » à quoi dépenfer de l’argent dans un pays où les maîtres 5» ne reçoivent point le prix de leurs frais, ni les domef- » tiques celui de leurs foins, & où l’on ne trouve aucun » mendiant ? Cependant l’argent eft fort rare dans le Haut- » Vallais ; mais c’eft pour cela que les habitans font à » leur aife : car les denrées y font abondantes fans aucun » débouché au-deffus , fans confommation de luxe au-de- » dans , ôc fans que le cultivateur montagnard, dont les » travaux font les plaifirs , devienne moins laborieux. Si » jamais ils ont plus d’argent, ils feront infailliblement plus » pauvres. Ils ont la fageffe de le fentir, & il y a des mines » d’argent qu’il n’eft pas permis d’exploiter. » J’étois d’abord fort furpris de l’oppofition de ces deux » ufages avec ceux du Bas-Vallais, où , fur la route d’Jta- » lie, on rançonne allez durement les paffagers ; & j’avois » peine à concilier dans un môme peuple des maniérés » li différentes. Un Vallaifan m’en expliqua la raifon. Dans » la Vailée , me dit-il, les étrangers qui paffent font des » marchands , & d’autres gens uniquement occupés de » leur négoce & de leur gain. Il eft jufte qu ils nous laiffent « une partie de leur gain , &• nous les traitons comme » ils traitent les autres. Mais ici, où nulle affaire n’ap- » pelle les étrangers, nous fommes sûrs que leur voyage » eft délîntérefïé ; l’accueil qu’on leur fait l’eft aufli. Ce