Rien de fi intéréffant que la defcription des monta gnes du Vallai s , celle des mœurs des habitans , & le portrait des Vallaifanes qu’on trouve dans la nouvelle (jj) J-Iéloije. Le Philofophe de Genève s’eft furpaffé dans ce Tableau. J’en détacherai ici quelques traits. C’eft l’amant de Julie qui écrit : « j’aurois paffé tout le temps de mon » voyage dans le feul enchantement du payfage , fi je n’en » eufife éprouvé un plus doux encore dans le commerce » des habitans. Vous trouverez dans ma defcription un » léger crayon de leurs mœurs , de leur fimplicité, de » leur égalité d’ame , 6c de cette paifible tranquillité qui » les rend heureux par l’exemption des peines plutôt que » par le goût des plaifirs. Mais ce que je n’ai pu vous pein- » dre, ôt qu’on ne peut gueres imaginer, c’eft leur huma- » nité défintéreflee & leur zele hofpitalier pour tous les » étrangers que le hafard ou la curiofité condüifent chez » eux. J’en fis une épreuve furprenante > moi qui n’étois » connu de perfonne & qui ne marchois qu’à l’aide d’un » conducteur. Quand j’arrivois le foir dans un hameau , » chacun venoit avec tant d’empreffement m’offrir fa mai- » fon , que j’étois embaraffé du choix , & celui qui ob- 3> tenoit la préférence en paroiffoit fi content, que la pre- » miere fois je pris cette ardeur pour de l’avidité. Mais » je fus bien étonné quand , après en avoir ufé chez mon » hôte, à-peu-près comme au cabaret, il refufa le len- » demain mon argent, s’offenfant même de ma propofi- » tion , & il en a par-tout été de même. Ainfi , c’étoit >3 le pur amour de l’hofpitalité, communément affez tiede, (n) Tome I, p. 170-185. Neuchâtel & Paris, 1764,M-U> avecfig.