34° TABLEAUX toujours écoutés avec refpeêt & docilité. L’autorité pa ternelle , ce tribunal, dont on appelle de fi bonne heure dans nos pays , ne perd jamais dans le Vallais de fon in fluence & de fa force, & l’honnêteté des Vallaijans eft bientôt fentie par un étranger qui traverferoit leur pays : dès qu’il s’arrête dans un endroit, on voit fortir des mai- fons voifines des perfonnes de l’un & de l’autre fexe , qui, portant des vafes pleins de crème & de lait, des paniers remplis de pain, de fruits ou de fromages, viennent gé- néreufement lui offrir tout ce qu’ils pofledent, & s’indi- gneroient qu’on voulût payer leurs préfens. Cette peinture pourroit paffer pour un roman, fi nous n’avions une anecdote à rapporter, qui confirme tout ce que nous ve nons de dire. M. de Courten ( pere de M. le Comte de Courten, qui eft aujourd’hui Maréchal-de-Camp , Com mandeur de l’Ordre Royal & Militaire de Saint Louis, & Colonel d’un régiment fuiffe de fon nom au fervice de France ) avoit avancé des fommes confidérables aux habitans de Praborgne ; il n’exiftoit d’autre reconnoiffance que les marques faites fur les tailles de bois dont nous avons parlé. A la mort de M. de Courten, les héritiers comptoient peu fur la rentrée de ces fonds ; mais il ne fe trouva pas un feul payfan qui ne vînt reconnoître fa dette , & tous payèrent aux époques avec la plus fcrupuleufe exactitude. Il faut convenir que tous les traits de morale & de bienfaifance, écrits avec tant de fafte & de pré tention , font bien peu de chofe, quand on les compare avec la pratique fi facile , fi naturelle, des vertus, dont on tireroit vanité dans tout autre pays que le Vallais. Il y a dans le Raut-Fallais des veines apparentes de