33° TABLEAUX » les Communes, lefquelles fe laiiïent entièrement con- » duire, fans avoir autre mouvement que celui qui leur » eft donné par la fantaifie de ceux qui y font les plus » puilfans. » Les Minières des Princes en ce pays-là fe trouvent » furprispar l’inftabilité de ce gouvernement; car croyant » avoir bien opéré , fur le point de voir l’effet de leur » négociation , voient inopinément arriver une nouvelle » tempête. Souvent une chofe paffée avec commun con- » fentement dans une affemblée , fi quelques jours après » elle vient à être agitée dans une fuivante, elle s’y trouve » rejettée ou mife en doute par la plupart de ceux qui » l’avoient auparavant approuvée; de forte que faire fon- » dement fur leurs délibérations, n’eft autre chofe que » bâtir fur un fable mouvant. Car bien que l’argent y » domine puiffamment, encore fe rencontre-t-il de grandes » difficultés en la diftribution d’icelui. Donnera quelques- » uns feulement, c’eft cabrer & jetter les autres dans le parti » contraire; donner à tous, c’eft n’obliger perfonne;nedon- » ner rien, c’eft défobliger tout le monde. Voilà les vraies » raifons des fréquentes confufions de ce pays-là, def- » quelles plulieurs voient les effets, peu en remarquent » les ca-ufes qui ne procèdent que du naturel de ces peu- » pies, lefquels fe trouvant logés au milieu de diverfes » nations, ont fait amas de leurs vices, fans fe foucier » de leurs vertus. J’entens parler ici en général, excep- » tant toujours de ces réglés univerfelles plulieurs parti* » culiers doués de vertu & de mérite , qui ne connoiffent » que trop la corruption que je viens de décrire, & la » déplorent comme un mal qui eft devenu incurable. Les