DE LA SUISSE. 2 6 9 ne leur en ouvrent le chem i. Mais voici ce qui arrive pref- qu'ordinairement dans les mariages d’inégale condition; la fille riche d’un Bourgeois ou d’un Sujet, mariéé dans une maifon patricienne de la République, paye fouvent cher l’honneur de l’alliance, par les airs de hauteur que les Da mes de naiflance affeélent d’avoir envers elle : le proverbe latin,y£l'Âr nubere, nubepari, peut-être appliqué ici, ôtfera toujours fans contredit, le meilleur avis qu’un pere puifle donner à fes enfans.. On (22) peut fubdivifer en quatre clafles les Bourgeois des Cantons ariftocratiques, particulièrement de celui de Berne; i°. la claffe des Nobles ; 2°. celle des marchands & artifans; 3 0 . celle des Gens de Plume ; & 4 0 . celle des Gens de Guerre. Les premiers attendent leur élévation de la naiflance feule, fans que le mérite , & la fcience en foient le principal véhicule. Les féconds paffent générale ment pour être fiers & parefleux, 6c ces défauts viennent fur-tout de deux privilèges qu’ils pofledent, l’un eft leur droit d’être admis au gouvernement en vertu de leur Bour- geoifie, ce qui les rend hautains : l’autre eft celui qu ils ont d’empêcher tous ceux qui ne font pas Bourgeois , d’exer cer quelque profeflion que ce foit dans leurs Villes, ce qui les rend inaêlifs. De-là naiflént naturellement deux in- convéniens, l’un que les Habitans paient leur mar-chandifes fort cffer, & l’autre que les ouvriers font mauvais. En effet lorfqu’on n’a pas un grand choix d’ouvriers, il faut non-feu lement fe contenter de médians ouvrages, mais en payer le prix auquel l’ouvrier trouve à propos de les por- (2.1) Etat & délices de la Suiffe, tome I, p.