2j8 TABLEAUX » quoique les perfonnes fenfées s’attachent à marquer de » la modération & de la difcrétion dans leur conduite, on » rencontre aujourd’hui dans ce peuple , des gens qui, » malheureufement, au très-grand préjudice de la réputa- » tion générale, perdent toute honte & toute retenue > » pour happas d’un vil métal. Mais nous voulons elpérer » qu’avec le temps une fage réforme mettra ordre à ce » délire. Au relie, les Suiffes ne font pas les feuls ainfi » alités, d’autres Nations & d’autres pays font malades » dans le même hôpital ». Avant que d’entrer dans un plus grand détail fur les mœurs Suiffes, que l’on me permette de tranfcrire ici quelques lignes du parallèle qu’un grand Général au dernier fiecle en avoit fait avec les Hollandois. Henri, Duc de Rofan, dans fon excellent traité (12) de l’intérêt des Princes G* EJlats de la Chreflientê, dépeint ainfi les deux Nations. « Des deux côtés de cette vafte Province, fe font for- » mées deux Républiques formidables entre les autres Puif- » fances de la chrétienté, & pour la valeur de leurs peuples, » & par la forme de leur état : de forte qu’à bon droit » on les pourroit appeller les deux bras de l’Allemagne ; le » droit eft la Suiffe, le gauche eft le Pays-Bas-Uni ; l’un » eft entre les rochers & les précipices : l’autre eft entre » les mers & les marées: l’un domine les Alpes, & l’autre » l’Océan. Le naturel des Peuples de l’un & de l’autre eft » fi conforme à la nature du pays qu’ils habitent, que les » Suiffes femblent faits pour les montagnes, ôc les mon-