D F. L A S U I S S E. i8j dépopulation. Quoiqu'on en puifle dire, ceux qui ont gou verné cette République du tems de la révocation de l'Edit de Nantes, font inexcufables de ne pas avoir profité de cette époque pour rendre leur patrie florifiante , & d’avoir renvoyé à l’Eleéteur de Brandebourg & aux autres Puifian- ces du nord, ceux des Réfugiés François , qui y auroient dès-lors fixé leur induftrie , les Arts ôc le Commerce, & qui en auroient furement banni cette même difette qui fervoit de prétexte au refus qu’on leur avoit montré. Cette ville feroit a&uellement une des premières de l’Europe à cet égard. Les ancêtres de ces Magiftrats penferent bien plus fagement; leur grande maxime fut que rien n’étoit plus propre à rendre leur état floriffant, que la réception de tous ceux qui voudroient s’y tranfplanter. Un intérêt mal entendu, une jaloufie mal placée 6c une complaifance îmbécille, maux qui ne font que trop communs dans les Etats démocratiques, fur-tout dans ceux qui ont confervé la conftitution municipale, avoient déjà commencé à atta quer cette fage maxime dans le milieu du fiecle paffé. Le zele peu éclairé des Réformateurs de 1718, réullit à dé fendre abfolument toute réception de nouveaux Bour geois. Ils crurent avoir fait merveille, & avoir rendu à l’Etat le fervice le plus important. Il eft cependant bien naturel qu’une grande ville qui ne reçoit plus de tems en tems de nouveaux renforts de Citoyens, en foit dégarnie en moins de cinquante années. La ville de Bâle eut ce fort, & le mal devint très-fenfible il y a vingt-quatre ans. Ce fut alors qu’on commença à s’élever contre une loi li mal imaginée. On parvint enfin à la faire changer; mais on y en fubftitua une qui, décrétant la réception d’un Tome VIII. A a