DE LA SUISSE. 179 X L V I I I. COMMERCE DE LA SUISSE. U N Philofophe Suifle, parfaitement inftruit de tout ce qui regarde fa nation , à qui j’avois communiqué le defir que j’avois de connoître ce qu’elle pouvoit offrir de plus remarquable, & avec lequel j’ai eu divers entretiens re latifs au commerce , aux mœurs & aux ufages de ce pays , dont je me propofe d’inférer le réfultat parmi mes obfer- vations , me tint ce difcours. « Nos mœurs ont changé , celles de nos peres copioient » la vie paftorale. Endurcis par le travail, nourris d’ali- » mens grolïiers, mais qui perpétuoient en eux la force & la » fanté •, indifFérens pour l’or & l’argent , & encore » plus pour les modes de la frivolité , ils ne s’occupoient » que du foin de leurs familles, que de la défenfe de la » liberté contre l’opprellion. Laboureurs ou Pafteurs , & » Guerriers à la fois, ils ne connoiffoient pas les attraits » de la moleffe. C’étoient des âmes de la trempe des Curius t> Ôc des Cincinnatus de l’ancienne Rome ; mais leurs def- » cendans, accoutumés aux douceurs de la paix, fe font » infenfiblement livrés aux amorces de l’aifance. Notre » mal dérive de plufieurs fources , mais fur-tout du luxe » que les Manufactures établies depuis un fiecle dans nos » montagnes, y ont fait naître au mépris des loix fomp- Z 2