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94 TABLEAUX être découvert qu’un ver rongeur de jaloufie centre les Cantons qui ont été le Berceau de la liberté , eft entré, encore plus que le defir de connoître la vérité du fait, dans les cœurs de quelques Suiffes dont les Cantons font d'une date moins ancienne & d’un autre gouvernement. Sans cette préoccupation , ces Ecrivains , avant que d’at taquer l’hiftoire de Tell, eufifentpu employer leurs veilles à purifier les annales de leurs pays, de beaucoup d’ana- On cite pour garans le Poète Manil'us, livre V de fon Traité d’Aftrono- mie , Silius-Italicus ( lib. XVI ) , S:ace ( lib. VII, Thebaïdt s ) , & Sidonius- /Ipollinaris (Carmen V, verl. iSj , opéra cum notis Joannis Savaronis. Parifiis, rS‘J9 ■ in-qf.), Enfin Stephanius copie un palfage du fameux livre, Mall us Makjîcarum , ma ejicas &“ eaium hærejim fran.ea conterens, imprimé pour le première fois à Cologne en 1489, in-4 0 . Il y elt parlé d’un Arba létrier Punker , infiruit par Satan, & qai fut forcé par un grand Seigneur à la dure épreuve d’abattre d’un coup de flèche un denier placé fur le bon net de fon fils, fans faire tomber ie bonnet. En vain le Sorcier représenta au Tyran que quoiqu’il put avoir cette adreffe, il aimoit mieux ne pas felfayer, de peur que Satan ne le fît mourir. Enfin , gagné par les paroles du Prince, il mit une fléché à l’entour de fon col, &. une autre fur l’alba- lête, & il jetta heureufement le denier en bas du bonnet fans faire aucun ma! à l’enfant. Après ce coup, le Tyran ayant demande' à l’Arbalétrier Ma gicien , pourquoi il avoir m.s une flèche à l’entour de fon col, il répondit ces mots : Si trompé parle Diable j'euffe tué l'enfant, comme je devais mourir, je t'auroispercé aujfi-tô: de l'autteflèche , pour ve'ger ainji mamort. Stephanius eût encore pu citer parmi les habiles tireurs d’arc , Deodat de Goopon. Ce Grand- Maître de l’Ordre de Saint Jean de Jérufalem , parvint à cette place pour avoir exterminé un dragon qui defoloic l’ifle de Rhodes. Je m’e'tonne que les Modernes, en reprochant aux Suiffes d’avoir extrait l’hiftoire de Tell des Annales danoifes, ne les aient pas auffi taxés d’avoir été' plagiaires de la Mythologie grecque , ou du Marteau des Sorciers , puifqu’on y trouve des traits plus ou moins fernblables à ceux qu’on rapporte du He'ros Vranien. Mais n’endèplaife à leur fubtile érudition , les Suiffes de l’ancienne Roche n’é- roient ni aifez grecs ni allez forciers pour faire un plagiat de ce genre.