DE LA SUISSE. 22 ; put le jour que les Gens de Lettres y étoient invités , il n’auroit pas eu lieu de s’en plaindre, puifqu’il n’avoit pas mis Tes talens au jour. Il les ignoroit peut-être lui-même , lorfqu’il tenta le prix propofé par l’Académie de Dijon f par un Difcours fur cette queftion le rétablijjement des Sciences SC des Arts a contribué à épurer les mœurs m Son Difcours qui foutenoit (ç 8) la négative, fut couronné en 175^0 : fans doute que l’Académie jugea que fi cet Ou vrage n’étoit pas le plus raifonnable, il étoit le plus élo quent. La Angularité de l’opinion qui le fit pafler pour un homme à paradoxes, ôc qui auroit plutôt dû. le faire qualifier d’Avocat d’une mauvaife caufe, le ftyle éloquent dont il fut l’étayer, le firent connoître dans la littérature. Ce fut alors qu’il ofa produire fur le théâtre fa Comédie de AarciJJe , ou l’Amant de lui-même, qui n’eut aucun fuccès. Il en fut bien dédommagé par le Devin du Fil- Inge, dont il avoir fait les paroles 6c la mufique, 6c qu’il fit paroître la même année 17^2. Le fuccès de cette piece lui procura fes entrées à l’Opéra. Après avoir adapté une rtiufique fimple, naturelle, (î8) On a configne dans l'Almanach littéraire de 1780, à Paris, in-12 page 117 , l’anecdote fuivante. Un homme fameux dans la litte'rature , 8c fort lié avec Roujfeau, dit au Genevois qui alloit compofer pour l’Acadé- mie de Dijon : Quel parti prendrez-vous? Celui des Lettres. Non;, c’eft le pont aux ânes ; prenez le parti contraire , 8c vous verrez quel bruit vous ferez. On voit dans l'Emile que RouJJeau n’oublia pas l’ide'e paradoxale qu’il avoit foutenue dans fon difcours couronné par l’Académie de Dijon ; ce premier fuccès lui fit fans doute chérir avec pre'diledion la caufe qu’il avoit plaidée devant l'Aréopage littéraire de h Bourgogne, 8c porta depuis fon efprit à embralTer par préférence le contrepied des idées généralement reçues. Tome FII, Ff