DE LA SUISSE. 213 devant le Tribunal de la Philofophie, s’ils parvenoient à démontrer que trop légèrement & fur la foi d’un Ecri vain qui vivoit 150 ans après ce fait, les Catholiques avoient cru , contre toute vraifemblance , la fable mal ourdie de 6600 foldats Chrétiens martyrifés à Agaune par Maximien, dont les auteurs eccléfiaftiques eux-mêmes avouent néanmoins l’habileté dans le métier de la guerre. Le Miniftre du Bourdieu fit valoir cette improbabilité par tous les moyens imaginables & avec tout l’artifice dont la mauvaife foi peut être capable. Tous les Protef- tans qui écrivirent fur cette matière , êc qui donnèrent lieu aux farcafmes & aux railleries qu’en fit le Philofophe Poete, ne furent que fes échos. Pierre de Riva%_ prit à ces difputes un intérêt prefque perfonnel, & entreprit de défendre cette légion des coups qu’une main hardie, mais mal-habile, s’étoit en vain efforcée de lui porter. Il ne lui fut pas difficile d’appercevoir dans les adverfaires de ces Martyrs beaucoup plus d’effronterie que d’érudition, & plus d’averfion pour nos dogmes, que d’amour pour la vérité. Il promit donc en 1747 un Ouvrage où il trai- teroit à fond ce point d’hiftoire eccléfiaflique, en bute de puis près d’un fiecle aux contradictions des Proteftans &c des Philofophes modernes , non en Déclamateur zélé pour les préjugés religieux de fon éducation, mais en Criti que favant & défintéreffé. Pour y réulfir, il débrouilla la confufion qu’avoient jettée dans l’hifloire du régné des Empereurs Dioclétien & Maximien, les erreurs des mo dernes & leurs vaines tentatives , pour en lier les circonf tances à celles de ce fait. Il en rétablit l’ordre chronolo gique j. il en puifa les détails dans les Ecrivains facrés 6c