DE LA SUISSE. 9 remplir dans la fociété des places importantes ôc propres à étendre leurs idées , déveloper en eux le germe du goût & des talens , aggrandir leurs connoiffances, ôc les rendre capables de grandes actions ; loin de l’envifager de la même manière, ne fe fent-on pas plutôt porté à gémir fur ces prétendus progrès de l’entendement humain parmi le peuple, ôc fur-tout parmi cette claffed’hommes,plus faite pour s’honorer par des travaux précieux à l’huma nité , que pour orner fon efprit ôc fon langage, & donner de l’élégance à fes manières. Les payfans de ce canton ont la facilité de fe pro curer des livres en tout genre;les preffes de Genève, de Laufanne, d’Yverdun ôc de Neuchâtel mettent au jour prefque tous les livres étrangers qui refpirent le goût ôc les opinions du fiècle, ôc parmi lefquels il fe trouve beaucoup d’ouvrages , dont on ne permettroit alfuré- ment pas 1 édition à Paris. C’eft dans ces fources que la jeunefle citadine 6c ruftique puife les principes qui doivent régler leur façon de penfer, ôc diriger leur con duite. Nous devons pourtant obferver que ce goût do minant pour la le&ure n’a pas encore gagné avec le même fuccès la Suiffe allemande : là règne en général une pro fonde ignorance parmi les payfans. Je parlerai à l’article des Moeurs des progrès plus ou moins étendus que la culture des Lettres a faits dans les villes. Ce feroit peut- être ici le lieu de rappeller le titre d’un difcours para doxal qui a été couronné en 17^0 par l’Académie de Dijon, ôc de difcuter fi un tel fujet devoit être propofé par une Société confacrée aux Sciences & aux Lettres. On entend fans doute que je veux parler du Difcours de Tome EU. B