i88 TABLEAUX Le mémoire fut donc fupprimé, & fon auteur condamné à être repris & à fe retraiter. On négocia long-temps avec lui pour obtenir une foumilfion , mais inutilement ; il prétendit au contraire qu’il n’avoit dit fon avis qu’en qualité de membre des Confeils ; qu’il n’avoit relevé les fautes qu’on faifoit qu’en celle de citoyen, & que fon mémoire n’étoit ni un libelle , ni une calomnie ; que c’étoit une differtation froide, portant fur des faits publics , & relevant des erreurs qu’il ne falloit pas lailfer confommer, mais détruire ; qu’en un mot, l’intérêt préfent de fa patrie, celui de la poftérité exigeoient qu’il éclairât fes concf- toyens fur un objet aufli majeur & ignoré d’une partie d’entr’eux , &c. On lui objeêta que fon mémoire vrai ou faux divulguoit un des fecrets de l’Etat, qu’il inf- truifoit les étrangers du côté foible de la place. Il répondit que des fortifications entreprifes depuis plufieurs années à la face de l’Europe , conduites lentement fur le plan d’un Ingénieur étranger , vivant & fervant auprès des Etats-gé néraux > difcutées dans différens Confeils , ôc foumifes à l’examen de tous les membres de l’Etat , n’étoient dans aucune République le fecret d’aucun corps ; que la véri table fureté d’une place exiftoit dans fes défenfes, & non ■ dans le fecret toujours trahi de fes imperfe&ions ; qu’il les rendoit publiques dans Genève afin qu’on y remédiât; & que les lailfer fubliller était un crime envers la nation. Enfin fes moyens de défenfe n’ayant point empêché qu’il ne fut fommé de rendre compte de fa conduite, & fuf- pendu de fa place de membre des confeils, il réclama contre ce premier jugement rendu, par un corps qui ne dévoie pas le juger en première inftance, l’accufa de nullité ,