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4 TABLEAUX encore en proverbe rêver à la SiùJJe, pour défigner un homme qui s’occupe d’idées creufes ; 6c quoiqu’on ne puifle plus accufer aujourd’hui les SuifTes d’avoir l’efprit brut 6c fauvage, il relie néanmoins encore à cet égard , un préjugé qui n’ell pas entièrement détruit. Au relie , les Suiffes(4) ôc les Gafcons , font peut-être les deux nations qui ont le plus prêté à la plaifanterie françoife,' par deux qualités tout>à-fait oppofées , l’une par fa fran- chife êc fa fimplicité, 6c l’autre par la finelTe ôc la fub- tilité de fon efprit ; mais l’une ôc l’autre ont fouvent pris leur revanche , ôc ont mis les rieurs de leur côté. Quoi qu’il en foit, il y a très-peu de fond à faire fur le plus ou moins de génie que l’on attribue généralement aux nations. En eft-il, en effet, qui foient elfentiellement 6c 6c par leur nature au - delfus des autres par les facultés de l’efprit ? Cette queftion pourroit faire le pendant de celle-ci : Nos pères étoient-ils plus fages , 6c avoient*ils plus d’efprit que nous ? Au lieu de les difcuter l’une ôc l’autre , ne feroit - il pas plus raifonnable de mettre ces opinions au rang de cette foule de préjugés peu fon dés qui régnent parmi le monde ? Car on ne peut le diffimuler que dans toutes les nations , les hommes n’aient la même organifation ; ôc que celles qui offrent de la fupériorité fur les autres du côté de l’efprit ôc des lumières, ne doivent ces avantages qu’à la culture de leurs facultés naturelles. On a vu des Pays , qui après avoir été regardés comme barbares ôc grofliers durant (4) Anecdotes Helvétiques, pag. 208-110, dans le premier volume dee. 'Anecdotes des Républiques. Paris, 1771. in-8 r