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€o MUSÉUM a gravé Bacchus reconnoiflable à la nébride qu’il porte, monté fur une panthère avec une jeune fille aflîfe devant lui fur le dos de ce même animal. Elle eft prefqu’entièrement nue 8c ne paroît avoir qu’une bien petite draperie, que , d’une main décente, elle eft cenfée difpofer fur la partie de fon corps que nous ne voyons pas. Il ne paroît pas douteux que cette beauté que promène ainfi Bacchus fur l’animal qui lui eft con- facré, foit ARIADNE, fille de Minos, roi de Crête, 8c de Pajlphaé, qui, abandonnée, pendant fon fommeil, par Théfée, & trouvée fur le rivage par Bacchus que charmèrent fa jeuneiïe , &, comme le AhHe/lode, la beauté de fes cheveux, qui retomboient en boucles dorées fur fon cou d’albâtre, en devint la femme. Oubliant fes chagrins & fes malheureux amours, elle paroît joyeufe de fa nouvelle conquête, & d’avoir fournis à fon empire le vainqueur de l’Orient. Nous avons déjà publié tome II, planche LXXV, n°I, une belle pierre où Bacchus eft aflîs de même avec Ariadne fur un tigre. Sa tête 8c fa poitrine font ornées de feuillages de lierre 8c de pampres, & de la main droite il tient un thyrfe. Ce n’eft point fur la tête du héros que fe trouve ici la couronne, elle entoure le cou de notre panthère , & femble être faite des feuilles du myrthe, arbrifteau de l’Amour; nous avons eu l’occafion de remarquer déjà cet ornement au cou des boucs attachés au char du même dieu, 8c à celui de plufieurs animaux qui lui font confacrés. Ce n’eft pas le premier exemple, non plus, que nous trouvions de Bacchus monté fur une panthère ; les anciens l’ont fouvent ainfi repré- fenté, comme on le voit à Rome dans une ftatue que l’on conferve au palais Juftiniani, 8c que Bloémart a gravée dans la galerie Jujlinienne. La pierre que nous examinons, fans être d’un grand fini, offre la plus grande perfe&ion de deflîn. Le trait de la fable qu’elle rappelle fi agréablement n’eft pas devenu feulement un fujet flatteur fur lequel fe font exercés les fculpteurs 8c les peintres les plus habiles; mais on en faifoit l’ornement des temples As Bacchus 8c de Cérès, comme le rapporte Paufanias , 8c comme le prouve Pline par le tableau de Bacchus 8c d’Ariadne, qu’avoit peint Arijlides le Thébain, rival des talens d’Appelle } 8c que l’on voyoit à Rome au temple de Cérès.