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14 M U S É U M Planche VI. MONTRE OU REVUE D’UN CAVALIER. C’étoit un ufage chez les Romains, inflitué, dit Tite-Live, par Q. Fabius Ru/lianus j que ceux à qui l’on avoir donné un cheval aux dépens de la république , & qui, pour le nourrir , avoient reçu une folde parti culière , ce qui croit un grand honneur, vinifient, à la fin de chaque luflre, fe préfenrer devant les cenfeurs, conduifant leur cheval par la bride. Alors on les appelloit fuccefiivement par leurs noms, & fi les cenfeurs jugeoient à propos qu’ils le gardaffent, ils leur permettoient de le mener chez eux ; mais s’ils n’avoient plus le bien preferir par les loix , ou s’ils avoient fait quelqu’aétion indigne de leur rang ou contraire aux bonnes mœurs, on les rayoit du rôle des chevaliers , ôc on leur reprenoit le cheval, qui étoit vendu. Le cavalier qui fe préfentoit à cet examen , que l’on appelloit tranfveciio , paroiffoit revêtu de la Trabea & décoré de tous Ces ornemens militaires. La Trabea ou-Trabée éroit une robe de cérémonie : celle des cavaliers, qu’ils ne prenoient jamais que dans cette circonftance, étoit d’un fond blanc ôc rayé de bandes de pourpre tillues dans l’étoffe. On ornoit le cheval lui-même avec foin de freins cifelés ôc dorés, ôc de brillans caparaçons. Dans des temps poftérieurs, les empereurs eux-mêmes faifoient cette revue. C’cft évidemment cette cérémonie que retrace le monument de marbre que nous avons fous les yeux. Remarquable parla grandeur, qui eft de fix pieds romains de hauteur fur quatre de largeur, il l’eft bien plus encore par la beauté de fon travail, qui doit le faire attribuer à un feulpteur du temps à’Adrien , temps qui a été fécond en artiftes de ce genre. On y voit un cavalier romain dans une attitude noble lans affectation ; de fa main gauche il tient une hajle qui n’a point de fer ; de la droite il retient par la bride fon cheval qui a l’air vigoureux, ôc qui, impatient du repos, femble frapper la terre de fon pied. Les amateurs éclairés admirent l’intelligence de l'artifte qui, dans fi peu d’efpace , a trouvé le moyen de placer ce cheval de manière qu’il fortît, pour ainfi dire , du marbre , conduit par la main du cavalier. On remarque fur ce dernier, outre la tunique relevée qui le couvre , la Trabea dont nous venons de parler »