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DE FLORENCE. 29 Quoique nous ayons donné le nom d’Apollon à notre Statue : quoique même nous foyons convaincus que l’Artifte n’a pas eu d'autre intention que d’exprimer ce Dieu , & que nous ayons fourni bien des raifons de notre conjec ture , nous ne fçaurions cependant blâmer ceux qui croyent que cette belle figure eff celle de Mercure , & qui s’appuyent fur deux motifs que l’on ne peut pas dédaigner. Le premier eft que le carquois que l’on voit fufpendu au roc fur lequel eft affis Apollon, peut défigner celui que Mercure a enlevé au Dieu Pafteur des troupeaux du Roi de Theflalie. Le fécond eft que la tortue qui fe retrouve, dans beaucoup de monumens antiques, fous la pro- teftion de Mercure , doit convenir fpécialement à ce Dieu qui fit de l’écaille d’une tortue la première lyre connue, fuivant l’autorité des Hymnes attri buées à Homère , que confirment le Poète Aratus dans fes Phénomènes, Hygin dans fon Aflronomle Poétique, & plufieurs autres anciens Écrivains. Planche XII. APOLLON P Y T H I E N. On raconte qu’Apoîlon, auffi-tôt que Jupiter eut vaincu Saturne & l’eut forcé d’abandonner fes États , chanta les louanges de fon père. On dit aufft qu’il célébra de même fa propre viétoire fur le ferpent Python , & le bel antique que le Mufeum des Médicis offre à notre admiration , eft une preuve que cette opinion étoit reçue. Affis, cet Apollon tient d’une main la Cythare qu’il parcourt légèrement de l’autre. Sous fes pieds eft un ferpent dont les plis multipliés annoncent l’énorme longueur, & que le Dieu femble écrafer encore. OV.ft ce ferpent qui nous a fait donner à Apollon le nom de Pythien. Le fçavant Statuaire, en faifant ce bel ouvrage n’a pas épargné fes peines. II n’a pas ménagé à fon cifeau la reffource des drapperies : il a voulu déve lopper la profondeur de fes connoiffances & l’étendue de fon art qui le difpute à la Nature. Le Dieu eft entièrement nud, &, pour qu’011 pût admirer com plètement fes beautés, l’Artifte ne lui a pas même donné la cblamyde que portoient autrefois les Joueurs de Cythare,& queTibulIe invitoit ce même Apollon à prendre lorfqu’il l’invoquoit à préfider aux fêtes célébrées en fon honneur,quand Meffalinus fut admis au Collège des Quindecimvirs, chargés de la garde des Livres Sybillins. Mieux inftruit que l’Auteur de l’Apollon inviclus, notre Statuaire s’eff bien gardé d’orner la tête de celui-ci d’une couronne de laurier. Il fçavoit trop bien que ce Dieu ne s’en étoit jamais paré avant la métamorphofe de la chère Daphné.