LE MUSEUM PLANCHE LIl BACCHANTE Accompagnée d’un Tygre, f'sT-CE une (impie Bacchante? Eft-ce Thyas , cette première Infiitutricc des fêtes de Bacchus que nous préfente ce marbre qu’un Statuaire habile a prefque rendu vivant ? Virgile peint Thyas émue par les chants confacrés à fêter Bacchus, laiflant. appercevoir dans fes mouvemens cette émotion pieufe : ne croiroit on pas de même voir s’agiter & fe mouvoir le corps de cette femme dont l’art rendroit la nature jaloufe ? On diroit, tanteft puillante l’illulion ! quelle va s’élever de terre pour former des danfes. Si la tête de cette Statue n’oftre pas tous les caraôères propres à défigner une Bacchante, des cheveux épars ou couronnés de pampres, ou entrelacés de raifins , cela ne doit pas furprendre ; elle a été poftérieurement adaptée par un Sculpteur moderne, qui , quoiqu’il ait oublié ce fymbole caraéiériftique , a développé le plus grand talent par la Vénujlé qu’il a répandue fur fa figure. Compagnon fidèle de Bacchus & des Faunes , un tygre eft à fes côtés, & fon regard expreffif tourné vers elle, annonce fon attachement. Cette Bacchante a le bras tellement élevé, qu’elle fembîe avoir lancé fon thyrfe, à moins que l’on ne fsppofe que le Sculpteur lui ait fait tenir un de ces tambours ufités dans les folemnités de Bacchus, & que l’on retrouve dans les anciens monumens entre les mains des Prêtrefl’es de ce Dieu. On ne fauroit trop admirer la légèreté, la délicatefle de la draperie, ainfi que l’art avec lequel elle eft jettée : elle femble tranfparente. On croit voir, à travers, les beautés quelle voile, & l’on peut prefqu’autant admirer les formes précieufes des membres qu’elle couvre , qae celles des bras , des genoux qu’elle laifTe nuds. Enfin le marbre femble être chair, & nous croirions fans peine que les charmes de cette figure pourroient fouffrir le parallèle avec ceux de la Bacchante que Callijlrates, nous dit être fortie fi belle des mains de Scopcu.