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DE FLORENCE. 105 fecret fa Divinité chérie, & part. Errante, elfe arrive dans fe Royaume d’une de fes fœurs : on s’embrafl'e : puis on fe queftionne ; Pfychè raconte comment, trop fidele aux confeiis qu elfe fui avoit donnés, elle a furpris ion époux à l’aide de la lampe qu’elle tenoit d’elle : comment, au lieu de trouver un monftre dans fon lit, ce fut l’Amour même qu’elle vit mollement étendu : comment, au milieu de fes tranfports, elle a verfé l’huile enflammée fur fon épaule délicate: comment enfin l’Amour irrité s’eft enfui l’accablant de reproches , & feulement elle ajoute que, dans fa fureur, pour fe venger de fon indifcrétion, il l’avoit menacé d’époufer une de fes fœurs. Cet expofé flattoit fa fœur, elle ne foup- çonne pas de fraude ; laiflant à peine achever Pfyché, elle vole vers fon mari, ie trompe à fon tour pour pouvoir aller librement fur le rocher defiré qui doit la voir s’unir à l’Amour. Elle y court, elle y monte hors d’haleine, &, pleine de confiance que le Zéphir, comme avant, la va foutenir fur fes ailes , elle s’élance, tombe & meurt avant d’être arrivée au terme de fa chûte. L’autre fœur reçut une pareille vifite de Pfyché, en apprit un femblable récit, &, brûlante comme la première du même defir,elle périt auflï comme elle. Cependant 1 Amour foufiroit de cruelles douleurs : il va fe repofer fur le lit même de fa mère. Vénus étoit à prendre le bain dans le fein de l’Océan qui l’a vu naître: elle apprend le malheur de fon fils, & la caufe de ce malheur; elle apprend les murmures qu’il uccafiuiiuc. Oh! dit-elle, en s’adreflant au Mefiager ailé qui lui racontoit cette aventure, « il a donc une amie, le perfide ! Mais » quelle eft-elle? Tâchez de la découvrir, vous qui vous plaifez à me fervir ♦> avec plus d’ardeur : cherchez la coupable qui a féduit ce jeune enfant. Quelle h foit du nombre des Nymphes, de celui des Heures; quelle appartienne au » chœur des Mufes, ou qu’on la compte parmi les Grâces, faites - moi fa » connoître ». O ma fouveraine, lui répondit-il à l’inftant, tout ce que je fçais, c’eft que, fi ma mémoire ne me trompe pas, on la nomme Pfychè. « Pfyché ! Oui, c’eft Pfychè qu’il aime ! s’écrie la Déefl'e irritée, cette Pfychè h ma rivale , qui a voulu m’enlever mon nom & mon culte. Le beau rôle qu’il »> m a fait jouer! C’eft par moi, c’eft par fa mère qu’il aura connu la coupable » ! Aufli-tôt elle fort de la Mer, elle court à fon Palais, & , de la porte , elle crie à fon fils : t< Voilà donc de vos tours? Voilà donc comme vous obéifllz à votre »> mère? Au lieu de tourmenter, d’après mes ordres, une fille téméraire qui » m’infulte : au lieu de lui infpirer de vils amours : c’eft vous-mêlne qui brûlez » pour elle : » Peu s’en fallut que dans fa colère elle ne lui arrachât les ailes, ne brifat fon arc, ne renyerfàt fon carquois, n’émoufl'àt fes flèches &. n’éteignit Tome Ul. O