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DE FLORENCE. i dj les eaux du fleuve voifin ; que les habitans des campagnes & les Pafteurs en étaient effrayés ; qu’il n’attendoit, fans doute , que le moment où elle deviendront mère pour dévorer le fruit de fes entrailles, & qu’elle-môme tôt ou tard deviendroit la viêtime de fa férocité. Allarmée par cette peinture, la crédule Pfyché fe rappelle & découvre les défenfes de fon époux qui lui avoit fait promettre de ne jamais chercher à le voir : enhardies, fes foeurs lui offrent leur protection : elles lui offrent une lampe pour le voir quand il feroit endormi, un poignard pour le percer. Pjyché reçoit ces funeftes prélens, & fon cœur devient agité par leurs confeils , plus cruellement que par les furies. Elle ns fçait ce qu’elle doit faire: un combat s’élève dans fon cœur, & la crainte des malheurs annoncés par fon époux y lutte contre celle que venoient d’y faire éclore ceux que fes foeurs avoient feint devoir lui prédire. Cependant le foir arrive, fuivra-t-elie le confeil de fes fœurs? Obéira-t-elle aux défenfes de fon époux : elle veut, elle ne veut point : tout-à-la-fois , dans le même objet, elle craint le monftre , elle chérit l’époux. Enfin , quand la nui: eft venue , cet époux fe préfente , jouit & s’endort : alors Pjyché, quoique timide & foible , trouve des forces dans fon cruel deftin , & prenant d’une main la lampe qu’elle avoit cachée & de l’autre le poignard , elle s’avance ; mais à peine la lumière a-t-elle frappé de fes rayons le iit qui porte fon époux, tout le fecret fe découvre, elle voit l’Amour, l’Amour lui-même, ce Dieu charmant dans la plus fédui- fante attitude; la lampe leinble de fes feux accroître fon éclat, fit le poignard fe repentir d’avoir un tranchant. A ce fpe&acie Pfyché pâlit, fes genoux fléchif- fent : elle veut cacher le fer qu’elle porte & le cacher dans fon fein ; mais le fer lui échappe. Cependant plus elle contemple le divin objet qu’elle a fous les yeux , plus fes forces fe raniment : elle admire fa tête ornée d’une blonde chevelure qui exhale l’ambroifie, & dont les boucles errantes retombent négli gemment fur un cou plus blanc que le lait & fur deux joues empourprées : elle voit aux épaules du jeune Dieu des ailes dont les plumes légères brillent comme les diamans de rofée que porte au matin le fommet des fleurs : elle remarque à leur extrémité un mouvement, un jeu involontaire. Tout fon, corps eft brillant de jeunefle & de beauté : telle enfin que Vénus ne rougiroit pas de l’avoir porté dans fon fein. Au pied du lit font fes armes , fon arc , fon carquois & fes flèches. La curiofité tente Pfyché : elle tire une flèche du carquois, de fon doigt elle en approche la pointe: & fa main mal allurée la fait pénétrer trop avant: une goutte de fon fang de rofe fort auflî-tôt de fa peau. A l’inftant la paflion la plus vive s’empare de tous fes fens ; courbée fur fon époux, la bouche