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DE FLORENCE. 9? à fon génie qu’à fes talens. Rien n'étoit plus difficile à rendre que le fenti- ment qui devoir éclater dans ies têtes: rien de moins aifé que de leur donner toute ia finefi’e St tout ie fini qu’elles dévoient avoir, dans la pofition fur-tout où elles font placées, St dans les rapprochemens où elles fe trouvent ; tout y eft cependant exquis ; les yeux des deux amans fe regardent fi bien , ils fem- blent dire tant de chofes : ces bouches entrouvertes paroillént fi heureufement fe communiquer leur douce haleine St de tendres aveux : le defir St l’amour font tellement exprimés dans toute ia figure : on croiroit fi aifément qu’un premier baifer va être fuivi de mille autres, que l’on ne peut regarder ce beau grouppe que comme un prodige de l’art que voudroit revendiquer la Nature. La fable de Y Amour St de Pfycké eft certainement bien ancienne , St nous la voyons confacrée par un grand nombre de monumens antiques ; Apulée cependant eft le premier Ecrivain dans les ouvrages de qui l’on retrouve cette fable charmante. Il s’eft plu, fans doute, à l’embellir, & les détails dont il l’a accompagnée n’ont fait que rendre plus difficile à faifir le fens véri table de fon allégorie. Après l’avoir rapportée en peu de mots, nous rappelle rons à nos Le&eurs les différentes opinions de ceux qui ont voulu l’inter préter. 11 y avoit dans une certaine Ville, dit Apulée , un Roi St une Reine qui avoient trois filles , toutes trois remarquables par leur beauté. Les deux ainées n’avoient cependant que des charmes, tels qu’on peut les admirer dans les plus beaux corps qu’ait produits la Nature ; mais il n’éioit pas d’expreffion qui pût rendre la beauté parfaite de la plus jeune. De tous côtés on accouroit pour la voir, fit l’on ne pouvoit exprimer la fenfation qu’elle faifoit éprouver, qu’en approchant la main droite de fa bouche, St en donnant ainfi le ligne de l’ado- xation qu’on lui rendoit comme à Vénus. Les Villes les plus proches & les peuples voifins croyoient déjà que la Déefle de la Beauté , née de l’écume de la Mer, ne dédaignoit point d’hab.ter avec les hommes, ou qu’au moins une autre Vénus étoit fortie comme une fleur vierge St brillante du lein de la terre fécondée par un germe divin, ainfi que la première étoit fortie des eaux. Cette opinion fe répandit bientôt de toutes parts; Paphos, Cnyde, Cythère étoient abandonnés. Le culte de Vénus étoit négligé : fes Temples, fes Sta tues fans guirlandes St fans couronnes : St fes Autels étoient fouillés des cendres froides de fes anciennes viéfimes. Tous Les honneurs, tous les hommages N 2 -r