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96 LE MUSEUM naturellement exclufives. II n’eft pas en effet à croire, comme le remarque M. le Comte de Caylus dans les Antiquités Grecques, que les Statues de ce genre puijfent être regardées comme des imitations Jîmples d’un jeu de la Nature, ce Phénomène ayant été dans tous les tems aujji pare qu aujourd’hui. Nous penfons que le mot rare dont il fe fert offre encore une ide'e trop étendue, parce qu’il fuppofe l’exiffence poflîbîe de ces fortes d’êtres, ce que le Sça- vant Antiquaire nie enfuite lui-même avec tous les Pffyficiens éclairés , qui fous le nom impropre d’Hermaphrodites ne reconnoiflent que des Andro- gines, efpèces de monftres informes & rebutans dans lefquels on peut quel quefois appercevoir l’apparence des deux fexes , mais jamais la réalité. Nous renvoyons aux ouvrages des Naturaliftes ceux qui feroient curieux de trouver la fource de l’erreur qui a fait croire aux Hermaphrodites, & nous nous contenterons de dire que nous les regardons comme une invention des Grecs, qui, paffionnés pour les plaifirs, & exceffivement amoureux de toute efpèce de beauté, fe feignaient ainfi un double objet de jouiffance : ou dont l'imagination féconde, brillante & jaloufe de tout embellir, aura voulu, par cette réunion chimérique des deux fexes, nous donner l’idée raffinée de celle trop défirable des grâces, de la beauté, de l’efprit, des connoiflances & des talens dans un même individu. La Fable même qui nous repréfente l’Hermaphrodite comme un fruit étonnant des amours de Mercure £c de Vénus, femble confir mer cette dernière conjecture. -Les aventures du fils étrange de ces deux Divinités avec la Nymphe Salmacis ne prouve pas fa réelle exiftçnce, & fi l’on confulte Vitruve, Strabon, Lilio-Giraldi, Bannier, l’on reconnoîtra facilement que le génie feul d’Ovide a fait éclore cette hiftoire fabuleufe, pour fervir de voile à ce qui fe paffoit en Carie, près de la -ville d’Halicarnaffe , au bord d’une fontaine qui portoit le nom de Salmacis, £t près de laquelle étoit conftruit un Temple de Mercure & de Vénus. Planche XXXIX. * * ) L AMOUR lançant des flèches. Les Égyptiens & les Grecs admettoient deux Amours, l’un cèlefle, l’autro vulgaire. Les Anciens ont multiplié celui-ci, fuivant les différentes affeftionj des hommes. On peut voir ce qu’en difent Pkiloflrate & Vigenère, fon érudit Traduûeur,