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DE FLORENCE. Planche XXIX. VÉNUS VICTORIEUSE. 79 La pomme, comme l’ont très-bien remarqué les Auteurs de la defcrigiiàn des Pierres gravées d’Orléans, fut toujours regardée chez les Anciens comme l’emblème de l’Amour dont elle fembloit cacher quelques mvftères , & ils en citent des preuves qu’ils tirent des meilleurs Hiftonens de l’Antiquité, & des ouvrages des Poètes de diverfes Nations. Parmi les Écrivains, dont ils prennent quelques partages , on trouve Longus. Nous le citerons à notre tour en ce moment, non pour répéter ce qu’ont écrit MM. le Blond & de la Chau : nous évitons , autant qu’il eft en nous , de le faire ; mais nous ne voudrions pas lairt'er échapper cette occafion favorable de prouver , par un extrait d’une traduètion nouvelle (i) de cet Auteur, que notre langue , quoique fouvent defféchée par l’efprît, ne perd les accens & les couleurs de l'innocente & Jimple nature, que lorlque ce n’eft pas l’ame qui diète ce que l’on écrit. Voici le morceau dans lequel on reconnoîtra que le nouveau Traduèteur a mieux faifi le vrai fens ay Amyot dont on chérit tant la naïveté que l’on doit peut-être plus cependant à celle des mœurs de fon tems qu’à fon talent particulier. « Dans ces lieux fe trouva un pommier fi bien dépouillé qu’il n’avoit plus » ni feuilles ni fruit. Il n’avoit confervé, fur fa branche la plus élevée, qu’une n feule pomme grorte, magnifique, & dont l’odeur étoit fupérieure à celle » de toutes les pommes qu’ils ( Daphnis & Clôt ) avoient vues ; celui qui avoit » ceuilli les autres n’avoit pas ofé monter fi haut & l’avoit lairt'ée. Un y> Berger amoureux étoit fans doute dsftine a la cueillir. » Daphnis ne l’eut pas plutôt apperçue, qu’il monta fur l’arbre pour la ravir, »» malgré tout ce que put faire Cloé pour l'arrêter ; la Bergère voyant fes » avis méprifés, alla rejoindre fon troupeau ; mais Daphnis fit tant qu’il » atteignit le haut de la branche & ceuillit la pomme qu’elle portoit; puis, *» en un inftant il courut fe préfenter à Cloé , en lui difant pour l’appaifer^ » Chère amie, cette pomme que tu vois, la plus belle faifon de l’année l’a » fait germer, ce bel arbre l’a nourrie, le Soleil l’a conduite à fa parfaite v maturité, & la bonne fortune l’a confervée. Pouvois-je, après l’avoir vue, » la laijfer où elle étoit ? Elle fut tombée par terre, les bêtes l’euffent foulée (i) On la trouve à Pari*, chez Moutard, Hôtel de Cluny, rue des Mathurins,