LE MUSEUM DE FLORENCE. STATUES. Planche I. JUPITER. La Toute-Puifiance & la douceur font les principaux attributs de la Divinité : l’une la fait craindre, l’autre la fait chérir. Dans la belle Statue de Jupiter, qu’il eft bien naturel de placer la première de toutes celles que nous allons examiner, ces deux cara&ères fe trouvent réunis. L’habile Artifte qui l’a faite femble avoir voulu faifir l’idée du célèbre Polyclète , lorfqu’à la demande des Argiens , cet immortel Sculpteur , fit en marbre blanc le Jupiter doux dont parle Paufanias. Son vifage eft tranquille & ferein : fa main droite , armée de la foudre , ne la tient pas élevée pour la lancer ; mais la dirige vers les Royaumes fombres. L’enfemble de cette Statue indique que l’intention de fon Auteur étoit d’exprimer ce Dieu jouillant de la paix , & maître du Ciel & de l’Univers , après fa vi&oire fur les Titans : auffi ne voit-on pas auprès de lui le Roi des oifeaux, l’aigle, porteur de fes armes. Le coftume ajoute à l’exprelfion. Le manteau que porte le Dieu, femblable à celui dont on revet Efculape , & que les Philofophes avoient choifi, voile les parties inférieures de fon corps & laiflè à nud toute la partie fupérieure : c’eft ainfi, difent les Mythologues, que l’on rend fenfible la pré rogative de Jupiter , d’être tout à la fois viftble aux intelligences céleftes , & caché aux habitans de ce monde. Les plis de ce vêtement bien ajuftés donnent à l’ouvrage beaucoup de grâce & de prix. Les anciens Étrufques revétilToient ce Dieu du même manteau, comme nous le prouvent une patère & un vafe très-beau que conferve le Mufeum des Médicis. Au furplus, une robe Philofo- phique ne dégrade point un Dieu, fur-tout quand il fe fait gloire comme Tome III. A