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X 16 X LE THÉÂTRE OLIMPIQUE L. iA célébré Academie des Olimpîques, qui foutient avec tant a"éclat la gloire lit téraire de Vicence, fut fondée en 15553 elle dut Ion origine au goût particulier que quelques perfoones distinguées de notre ville conçurent pour les Belles-Lettres, *Sc le nom du fameux Architecte, André Palladio, fe trouve parmi ceux de (es fondateurs. Cette iiluftre Société ne crut pas devoir fe borner aux occupations ordinaires des Academies de fon temps, qui fe contentaient de donner quelque diflertation fur. la Littérature, & dont les affemblées* prefcrites par leur Statuts, le payaient à reciter quelques pièces de Poëfle. A ces exercices nos Académiciens jugèrent à propos de joindre celui de la déclamation, & refolurent de reprefeater de temps en temps des Tragédies intérelTantes & inftruétives. Pour remplir ce dernier objet, il leur fallait un Théâtre, & pendant un certain nombre d'années ils en firent faire de charpente, qui ne fubfiftaient plus après la reprefentation, pour la quelle ils avaient fervi. On vanta beaucoup celui dont Palladio donna le deffein, & qu’ il fit executer dans notre Bafiüque en 1562. On y reprefenta avec un applaudiflernent uviverfel la Sophonisbe de Jean George Triffino, un des plus fçavans hommes & des meilleurs poëtes qu’ait produit le feixième fiècle (a). On pourrait auffi prefumer qu’une Scene de bois, que fit Serlio (h) pour la ville de Vicence, & qui, fuivant Jean Dominique Scamozzi, fut conftruite dans une cour de la maifon Porto (c), fervit à l’Academie Olimpique pour quelqu’ une de ces reprefentations. Mais quoiqu’ il en foit de cette Scene de Serlio, nos Académiciens, ennuyés fans doute de ces fréquens cbangemens de lieu, voulurent avoir un Théâtre fixe, & fe propoferent de le faire bâtir, fur le modèle de ceux des anciens» Ils chargèrent Palladio d’en former le plan, & ne confulterent que fon mérité pour lui donner un emploi fi honnorable. L’ouvrage répondit à fat- tente de l’Academie, & pour afturer au digne artifte la gloire de l’invention, cette compagnie ordonna qu’on mettrait une infcription fur la face de la Scene, & pre- cifément au deffus du grand arc. Ce fuperbe édifice fut commencé le 23 Mars de Fan 1580. Palladio eut la fatis- faétion d’en voir jetter les fondemens, mais il ne peut pas avoir celle de le voir achevero Une grande maladie le mit au tombeau, peu de terris après, fçavoir le 19 août de la même année. L Academie Olimpique, par reconnoifiance, crut devoir donner à fon fils la direction d’un ouvrage conçu & entrepris par le pere. Il fe nom mait Scilla, il pafifait pour très entendu dans fon art, & fur tout d’une exa&itüde & d’une diligence extraordinarie (d), Sous la conduite de ce nouveau Dire&eur, le Théâtre fut entièrement achevé en 1584, comme il parait par F infcription dont nous avons parlé. On lui donna le nom d’Olimpique, qui eft celui de F Academie. Elle le fit orner de décorations convenables & du meilleur goût de Statues, de bas reliefs, &c., & le deftina aux reprefentations Dramatiques, que, félon fon infljtut, elle avait coutume de faire de temps en temps * Tel eft Y édifice que je mets fous le yeux du Public, & que j 9 expofe à fes réfle xions. Je Fai deffiné en cinq planches3 on y trouvera non feulement les vues & les coupes, mais encore le moulures des ornemens. C’eft la première fois qu’ il parait de cette maniéré, Edifice au refte, qui, au jugement des Connaifièurs, eft le plus élégant, le plus accompli, le plus majeftueux qu’on voie de nos jours, & qui, fui vant la deciiion d’un écrivain très éclairé ( e ), fait le plus bel ornement, non feule ment de Vicence, mais auffi de toute F Italie. Un homme également refpeâable par la nobleffe de fes fentimens que par l’éten due (a) Voyez le difcours fur le Théâtre Olimpi que du Comte Jean Montenari imprimé a Padciie 1749. en 8» (bJ A Vicence, ville très-riche 6* très-magnifique entre celles cf Italie, je fs me Scene de bois, peut-être, & fans peut-être la plus grande qui mt été faite de nos jours* Sebaftien Serlio, au fécond Livre de Perfpeéfive. Venife 1560. (c) Notes de Scamozzi, pere du fameux Archi tecte Vincent, fur l’ouvrage de Serlio * (1d) Mémoires manufcrits de l’Academie Olimpique. (e) L’Auteur de la Vie des Architectes les plus cé lébrés, Ouvrage imprimé à Rome 1768, €04.