INTRODUCTION. Il y a des gens qui ont de bons yeux et qui pourtant ne voient rien de ce qui existe autour d’eux parce qu'ils n’ont pas songé à regarder attentivement. On trouve des hommes pour lesquels toutes les formes se confondent et qui ne peuvent distinguer ce qui est beau de ce qui est laid; il y en a d’autres qui ne sont pas sensibles à la musique, qui ne la comprennent pas et sur lesquels les mélodies les plus suaves produisent le même effet qu’une, décharge d’artillerie ou que le bruit d’une charette roulant sur le pavé. Evidemment il manque quelque chose aux êtres ainsi orga nisés; ils n’ont pas développé les facultés que leur a données la nature, ils ne sont pas au niveau de la civilisation moderne, et, pour répéter ce que j’ai dit ailleurs, car mon opinion n’a pas changé, ils peuvent être comparés à des instruments qui n’ont pas toutes leurs cordes. C’est pour diminuer le nombre de ces hommes imparfaits, mais seulement de ceux qui n’apprécient pas l’harmonie des formes, la beauté des monuments, parce qu’ils n’ont pas les moindres no tions de l’histoire de l’art, que le Conseil de la Société française pour la conservation des monuments m’a prié de prendre de nouveau la plume et que je me rends à son invitation. Mais, par où commencerai-je l’instruction élémentaire que me demande la Société ? quelle forme, quelle étendue donnerai-je à ces instructions ? Embrasserai-je l’ensemble de l’histoire de l’art réduit même aux proportions les plus minimes ? Non, je serais encore trop long, .le veux faire quelque chose de plus pratique, de plus utile au point de vue où se place la So ciété, et je me bornerai, quant à présent, à donner quelques notions sur l’architecture du moyen-âge.